Pauline Kellner est issue d'une large famille de musiciens. Son père Paul Kellner est chanteur à la cour de Stuttgart, et passe au service de la cour d'Ansbach en 1674, avec ses trois filles. Au début des années 1680, on retrouve les filles Kellner parmi les vocalistes de cette même cour.
Les Kellner intègrent ensuite les effectifs de la cour de Brunswick à Weissenfels dans la première moitié de 1686, où Pauline suscite une attention croissante. Le répertoire y est varié et comprend souvent des pages de Lully : Pauline incarne Psychée en 1686, en français – même si certains passages sont traduits en italien – avec son père, son frère Johann et sa sœur Antoinette. C'est au tour de Thésée du même auteur l'année d'après. En 1688, c'est un Ercole in Tebe qui est présenté, avec là encore Pauline et cinq autres membres de la famille Kellner ! Il s'agit sans doute de l'opéra de Melani. L'Orontea de Cesti est aussi donné (avec le concours très probable des Kellner). On chante également les créations du maître de chapelle Kusser. En 1691, elle incarne Filoclea dans Il Re pastore d'Alveri à Brunswick, avec le castrat Tricarico et deux autres Kellner. Encore employée à Brunswick en 1692, en tête d'affiche de l'Ariadne de Kusser, Pauline semble ensuite retrouver la cour d'Ansbach où elle côtoie le castrat et compositeur Pistocchi. Son salaire est particulièrement impressionnant alors, mais elle ne prend pas part au Narciso que propose Pistocchi en 1697.
En 1704, son traitement est réduit drastiquement, et la soprano quitte la cour pour accepter un engagement auprès du très prestigieux opéra de Hambourg, où brillent Mattheson et la Conradi, par exemple dans Nebukadnezar de Keiser. Elle se produit également à l'église dans des pièces sacrées, ce qui n'est pas sans déclencher les passions, d'autant qu'elle réclame un salaire pour cela : ses apparitions ont un attrait incroyable et Haendel a sans doute l'occasion de l'entendre dans l'oratorio de Keiser Der blutige und sterbende Jesu (1704). On suggère que le Saxon écrit son Laudate pueri dominum de l'époque pour elle. Kellner s'établit ensuite à Stuttgart entre 1705 et 1710. En 1710, Pauline est nommée cantatrice « für Kirche, Tafel und Theater » à Weissenfels où elle revient très célébrée, après avoir brillé lors des célébrations du mariage de la sœur du duc en 1708. De nombreuses autres sources en font cependant d'abord la prima donna de la cour de Cassel de 1710 à 1716, et il est probable qu'elle ne rejoigne Wolfenbüttel qu'après cet intervalle, quand Maddalena Salvai la remplace à Cassel.
En 1716, J. S. Bach propose sa cantate de la chasse BWV 208 à Wolfenbüttel pour l'anniversaire de Christian de Saxe-Weissenfels. Pauline Kellner interprète le rôle principal, et se voit réserver un air relativement virtuose ; certain ont aussi avancé qu'elle était la destinataire de la difficile et agile cantate Jauchzet Gott, même si le castrat Bindi fait aussi partie des candidats. La Kellnerin semble aussi exercer un temps ses talents à Bayreuth, mais elle est de retour au service de la cour de Saxe-Weissenfels en 1726 (et probablement avant), avec le Kappellmeister Krieger. Bénéficiaire d'une pension généreuse et toujours officiellement membre de la chapelle, elle y finit ses jours en janvier 1745 (1736 selon d'autres sources).
Avec la Conradi et les sœurs Döbricht, Pauline Kellner est l'une des premières divas de l'Allemagne. |