La Gualandi, dite Campioli, est originaire de Bologne, et s'impose comme l'une des meilleures sopranos des années 1710 et 1720.
Elle apparaît très régulièrement à Venise, surtout au San Angelo : Cleone dans Arato in Sparta (de Marcello ?) en 1709-10 avec Bernacchi et Diana Vico, elle y revient en 1711-12 avec la basse Venturini, dans plusieurs pages de Ramponi ou encore Ruggieri.
C'est aussi l'une des meilleures collaboratrices du Vivaldi compositeur et impresario : elle chante dès 1a saison 1714-15 dans Lucio Papirio de Predieri, l'Orlando furioso élaboré avec le compositeur Ristori, et Orlando finto pazzo de Vivaldi dans lequel elle campe une brillante enchanteresse. Ses partenaires ne sont pas en reste, avec la basse Carli, le castrat contralto Pacini et Anna Maria Fabri. Margherita Gualandi chante Albinoni, Chelleri et Gasparini en 1715-16, avec la Scarabelli.
La soprano se produit à la cour de Mantoue en 1718-19, chantant comme primo uomo dans les deux œuvres données par Vivaldi, avec la contralto Teresa Mucci. Elle est ensuite à Livourne.
La Silvia de Vivaldi est donné à Milan en 1721, le jour anniversaire de la reine d'Espagne : c'est la Gualandi qui donne le rôle titre, avec une jeune soprano appelée à un bel avenir, Anna Maria Strada. Elle chante à Turin l'année suivante avec le castrat Minelli et les contraltos Zanucchi et Laurenti. La Campioli retrouve Milan en 1723 pour incarner la terrible Giulia dans Alessandro severo d'Orlandini, avec la soprano Cotti et le castrat Bartoli. Elle paraît à Pesaro, Florence, où elle se brouille avec l'impresario Albizzi, qui déclare toutefois qu'elle est la meilleure cantatrice d'Italie en l'absence de la Cuzzoni et de la Bordoni (alors à Londres). En 1726, on retrouve la soprano à Venise, avec le titre de virtuose du prince d'Hesse-Darmstadt (soit la cour de Mantoue) : elle interprète Imeneo in Atene de Porpora avec Domenico Ricci, le ténor Antinori et la Baldini. Elle chante ensuite à Naples, et doit créer Sesostrate de Hasse avant de s'enfuir avant la première, mécontente de devoir partager la scène avec une autre prima donna, Maddalena Salvai, et peu satisfaite des airs qui lui sont attribués : le scandale est retentissant et explique sans doute pourquoi la Gualandi est peu présente en Italie par la suite.
En 1728-29, invitée par le ténor et impresario Denzio (et sans doute recommandée par Vivaldi), la Campioli se rend donc à Prague comme étoile du théâtre Sporck où elle interprète au moins six œuvres dont Publio Cornelio Scipione de Pollarolo, avec Matteo Lucchini et Angela Capuano. Elle fait la connaissance du ténor Moretti dont elle tombe éperdument amoureuse et qu'elle suit à Munich, chantant Narciso in fonte de Paganelli en 1733, avant de revenir cette même année à Prague en tant d'épouse du chanteur. Elle est prima donna de la dernière saison de la compagnie, mais n'arrive pas se faire payer, et, faute d'autre engagement, demeure à Prague alors qu'une autre troupe se monte. Le couple Moretti se produit ensuite à Brno en 1736, puis rentre en Italie : le dernier rôle connu de la Gualandi est dans le Siroe de Vivaldi à Ancône, en 1738.
Il ne faut pas la confondre avec la cantatrice Diamante Maria Gualandi. Elle est peut-être liée, d'une manière qu'on imagine mal toutefois, au castrat Antonio Gualandi également surnommé Campioli.
La Gualandi est indéniablement l'une des toutes meilleures sopranos de son temps, dotée d'une voix assez aisée dans l'aigu, du moins pour l'époque, et disposant d'une haute virtuosité largement exploitée par Vivaldi. Elle gazouille à ravir, vocalise avec maints instruments obligés, mais peut aussi imposer un style plus dramatique (en Manlio, ou avec la scène d'invocation d'Ersilla). Hors de la scène, son tempérament et ses prérogatives, on l'a vu, étaient d'une timidité modérée. Ainsi, en 1725, Salviati, ami d'Albizzi (impresario à Florence), lui écrit :
J'ai reçu une lettre de la Campioli, et ce n'est pas la première, dans laquelle elle se plaint et crie plus fort qu'un aigle à cause du rôle que vous lui avez assigné, soutenant que ce n'est pas le plus important.
On voit ici les prémisses du fameux incident de Naples. Les manières peu élégantes et brusques de la cantatrice se confirment encore à Prague, puisque le ténor et compositeur Lucchini est contraint de lui faire un procès pour le paiement de plusieurs airs qu'elle lui a commandés. |