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Lavinia GUADAGNI

1735 – ca 1790

Aussi [-Alessandri] [signora Guadagni]

Cette cantatrice voit le jour à Lodi, dans la même famille qu'un garçon qui s'impose comme l'un des tout meilleurs castrats de l'époque, Gaetano Guadagni. Sa sœur Angela et son frère présumé Giuseppe font aussi carrière à l'opéra.
C'est avec elle qu'on retrouve Lavinia à Este, dans les chœurs, en 1749. Mais en 1753 à Trévise, les Guadagni sont solistes dans Il Mondo della Luna de Galuppi. Trois ans plus tard, Lavinia est à Modène et Milan, toujours dans l'opera buffa auquel son répertoire restera exclusivement restreint, alors surtout signé Galuppi, Scolari et Fischietti. On l'entend à Bergame, Novara, Gênes... En 1761 à Bologne, elle incarne pour la première fois Cecchina dans l'œuvre à succès qu'est La Buona Figliuola de Piccinni, qu'elle reprend fréquemment ensuite. Lavinia brille dans de nombreuses productions turinoises en 1762-63, dont Il Caffè di campagna de Celoniat avec le ténor Caribaldi et sa sœur. Elle passe ensuite par Parme, puis Reggio pour deux opéras de Piccinni.

Lavinia se produit à Vienne en 1764 avec Caterina Ristorini et son époux ténor, ainsi que la basse Carattoli. La troupe donne des opéras de Fischietti (Il Signor Dottore), Piccinni et Galuppi. Ses prérégrinations la mènent ensuite à Londres en 1766, avec son époux le compositeur Felice Alessandri : elle y interprète des musiques de son mari mais aussi son rôle fétiche de Cecchina, comme à Vienne. Après deux ans sur le continent (Vérone, Florence, Venise, créant notamment des opéras d'Alessandri), Lavinia retourne dans la capitale britannique entre 1768 et 1770, et participe aux représentations des opéras de Fischietti, Piccinni, Giordani, Traetta, Guglielmi et Pugnani (Nanetta e Lubino). Les Londoniens forment deux camps rivaux, soutenant respectivement Lavinia et la jeune soprano Anna Zamperini, favorisée par sa liaison avec le directeur de l'opéra ; Burney s'en amuse en jugeant qu'aucune de leurs voix n'offre matière à s'émerveiller. Le musicographe compare néanmoins favorablement Lavinia à une Signora Lodi qu'il voit à Munich, du point de vue du jeu. Il écrit également :
... quiconque se rappelle Pertici et Laschi dans les burlettas données à Londres il y a environ vingt ans, ou a ensuite assisté à La Buona Figliuola quand Signora Guadagni, Signor Lovatini et Signor Morigi s'y produisaient [...] doit concéder que beaucoup d'Italiens ne se contentent pas de bien réciter, mais sont d'excellents acteurs.

De retour en Italie, la soprano paraît abondamment à Turin en 1771 et 1774 (Gassmann, Gazzaniga, Piccinni...) avec Caribaldi ainsi qu'à Gênes ; sa trace est ensuite perdue sur scène. Une des dernières pages qu'elle chante est La Cameriera per amore de son mari. On pense qu'elle achève sa vie à Padoue.
Sa carrière de prima buffa fut plus qu'honorable, bien que très différente de celle de Gaetano ; elle croise d'excellentes basse comiques, outre Carattoli : Michele Del Zanca, Baldassare Marchetti, Domenico Poggi, Andrea Morigi mais aussi les ténors Lovattini et Caribaldi. Burney estime n'avoir jamais rencontré trois interprètes aussi brillants que Lavinia, Lovatini et Morigi réunis sur scène en Italie. C'est sans doute son jeu plus que son talent vocal qui firent la réputation de cette artiste.

Li Tre Amanti ridicoli Stella N. Piccinni 1761 Venise
  R. Righetti, Orchestra della Radio della Svizzera Italiana dir. E. Loehrer – captation radiophonique