Rosalinda est la fille d'un bassoniste réputé originaire de Milan, Gaetano Rossi, employé à la cour de Parme. Elle y étudie le chant auprès du compositeur Colla, habitué aux coloratures aiguës car auparavant lié à la célèbre Bastardella : à en croire les partitions écrites pour Rosalinda, elle avait en commun avec sa devancière un talent pour les notes stratosphériques. C'est le maestro Paër qui parfait sa formation.
Encore fort jeune, elle épouse le premier violon et chef d'orchestre du théâtre de Reggio, Prospero Silva, avec qui elle étudie d'abord selon certaines sources. On peut raisonnablement imaginer que c'est grâce à lui qu'elle fait ses débuts.
Étoile extrêment passagère dans le firmament de l'opéra, Rosalinda Grossi-Silva débute donc encore adolescente sur les premières scènes italiennes, déjà prima donna. On la retrouve à Reggio – sans doute pour ses débuts – en 1803 dans la Merope de Nasolini, puis la même année à Milan avec l'immense Giacomo David et le castrat Testori dans Zaira de Federici et Ines de Castro de Zingarelli. Et c'est avec une autre légende vivante, le castrat Marchesi, qu'elle chante Castore e Polluce de Federici, toujours à Milan. En 1804, elle conquiert la Fenice de Venise avec I Riti d'Efeso de G. Farinelli, avec cette fois-ci rien moins que la Banti comme primo uomo. Les cantatrices sont immortalisées par un portrait (ci-dessous). Promise à une brillante carrière, Rosalinda est néanmoins emportée par un typhus fulgurant à son retour de Venise, le 19 mars 1804.
Le décès prématurée de Rosalinda donne lieu à plusieurs œuvres en 1804, dont et une Cantata sulla tomba dell'egregia cantante Rosalinda Silva signée Pollini et divers sonnets et élégies.
Zingarelli laisse un témoignage éloquent des moyens de la soprano : longues coloratures et bouffées de notes suraiguës au moins jusqu'au mi5, tout à fait dans le goût du dernier quart du XVIIIe.
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