La toute première trace de cette soprano date sans doute de 1776, lorsqu'une burletta intitulée La Giardiniera (Anfossi ?) est donnée à Montepulciano ; la Gazzetta toscana signale la présence de la jeune Maddalena, qui se distingue particulièrement et promet beaucoup.
Maddalena se spécialise dans les rôles sérieux d'opéra bouffe. On la repère d'abord à Novi (1779) et Pavie (1780), dans Il Curioso indescreto. Granati est dès lors très active, passant à Milan (avec le ténor Uttini et la basse Tasca), Monza, Modène, Reggio et Turin (par exemple Le Gelosie fortunate d'Anfossi avec la basse Rovedino) entre 1780 et 1781 ! Sa carrière la porte certes sur des scènes secondaires (Pavie, Udine, Trévise avec la basse Poggi, Pise, Ferrare, Brescia...) mais aussi à Venise, pour la première fois en 1783 (Lo sposo di tre e marito di nessuna de Cherubini, ou encore Gazzaniga) et à plusieurs reprises ensuite. La Gazzetta toscana fait état de sa prestation à Sienne en 1785 dans Il Viaggiotori felici d'Anfossi :
On y a distingué en particulier l'harmonie et la vivacité dans la bravoure ainsi que l'élégance des célèbres acteurs qui ont représenté la pièce, démontrant tour à tour l'art et le métier qui leur ont permis de cultiver la voix plaisante que la Nature leur a prodiguée. Mais il ne faut pas cacher la vérité, et il convient d'admettre que parmi eux se distingua particulièrement la signora Granati, prima donna dotée d'une voix sonore et agréable, qui donna les preuves d'un grand art, d'un goût excellent et d'une expression naturelle, et surprit par sa brillance dans ce qu'elle a entrepris et superbement réussi, avec brio et vivacité.
Maddalena est à Parme en 1787 avec Messieurs Cipriani, Angrisani et Paolo Mandini, par exemple dans des reprises de succès de Paisiello (Il Re Teodora di Venezia et Il Barbiere di Seviglia) ou encore la création d'un certain Domenico Rava. Elle se produit à Padoue puis Milan, Vicence et enfin Naples en 1789, derniers livrets où elle paraît (La Pruova reciproca de Tritto) avec la Coltellini, le ténor Lazzarini et la basse Antonio Casaccia. Ce document indique son titre à rallonge, à une époque où ces mentions sont plus rares : virtuosa de camera di S.A.R. il duca di Parma ec. ec. ec., infante di Spagna, ed aggregata nella nobile accademia filarmonica di Parma.
Maddalena paraît régulièrement avec une certaine Luigia Granati, celle-ci dans des rôles secondaires : peut-être une sœur ? Elle fait partie des prime buffe notables mais pas inoubliables des années 1780. Conformément aux tendances de l'époque, sa vocalité met volontiers en avance une technique virtuose, ce que confirme cet autre commentaire après son apparition à Brescia en 1788 :
La Signora Maddalena Granati donne certaines notes avec une telle grâce et tant de musicalité qu'elle ravit. Elle possède la musique au dernier degré et maîtrise pourtant sa voix flexible et douce et se complaît à proposer de beaux passages qui vont droit au cœur. |