Cette soprano glane une renommée précoce au sein d'un des plus prestigieux conservatoires de musique réservés au filles d'Italie, l'ospedale dei Mendicanti de Venise. Elle y demeure sous la formation de Bertoni de 1774 à 1783.
En 1779, on l'entend par exemple dans Athaliae mors de Bertoni, flanquée de Lucia Cassini et des piliers du lieu Teresa Almerigo et Antonia Lucovich. La distribution comprend aussi la Marchetti, appelée elle aussi à une carrière à l'opéra. Une autre future diva est aux Mendicanti : la Ferrarese, qui chante avec Cecilia dans Sedecias de Bertoni en 1782, et qu'elle aura pour rivale par la suite.
En 1785, Cecilia est à Florence avec Rubinelli et donne La Virginia de Tarchi. la Gazzetta toscana relate :
... la Sig.a Cecilia Giuliani, laquelle a reçu des applaudissements répétés pour son agilité et la beauté de sa voix, d'autant plus que c'était la première fois, sortant d'un des conservatoires de Venise, qu'elle se présentait sur les scènes publiques.
Elle est encore à Florence et Padoue en 1786
avec le ténor Ansani, paraît à Trieste et Sinigaglia et participe aussi à l'inauguration du théâtre de Crema avec le castrat Bedini, dans Demofoonte de Tarchi. Florence est apparemment l'occasion de se lier au compositeur Prati, dont elle interprète en effet la musique par la suite. La saison 1786-87 se déroule à Venise avec le très célèbre Pacchierotti et la Rubinacci en seconda donna. En 1787, la soprano passe aussi par Modène où elle chante avec Roncaglia, et Brescia.
En 1788-89, Giuliani est prima donna à Londres avec rien moins que l'immense castrat Marchesi, et paraît notamment dans La Generosità d'Alessandro de Tarchi et un pasticcio sur L'Olimpiade. On remarque néanmoins « sa façon dégoûtante de faire rouler ses yeux et déformer ses traits ». Certains critiques jugent sa voix trop fine, avec une stridence dans l'aigu ; d'autres la trouvent simplement médiocre, meilleure actrice dans les récitatifs que chanteuse. Burney déplore également une voix trop légère, un style maniéré et une intonation douteuse. Heureusement, le Times la juge à la hauteur de l'Ifigenia in Aulide de Cherubini ! Il faut dire que Giuliani, globalement méritante, affronte le souvenir glorieux laissé par la Mara la saison précédente.
Elle est mieux reçue comme prima donna à la Scala en 1790, chantant Nasolini ; La Gazzetta universale se fait écho de son succès à Gênes la même année, avec le soprano Andrea Martini. On la retrouve ensuite à Venise.
Favorite de l'impératrice, Cecilia Giuliani intègre la troupe du Burgtheater de Vienne et en évince ainsi son ancienne condisciple Adriana Ferrarese, dont les frasques fatiguent la cour. Mais Giuliani ne chante que l'opéra sérieux, or Vienne privilégie l'opéra bouffe : en effet l'empereur Leopold entend réintroduire le grand genre dans la capitale où on le joue bien peu depuis longtemps. Il engage également à cet effet le ténor Maffoli et le castrat Testori, et tous donnent avec Giuliani Teseo a Stige de Nasolini et La Vendetta di Nino de Prati en 1791-92. Ce sera l'unique expérience menée avec Giuliani, qui chante tout de même aussi dans une cantate de Weigl avec Dorotea Bussani et les ténors Adamberger et Calvesi. La saison suivante, Cecilia participe à de nombreuses productions à Varsovie.
Fétis évoque la remarquable pureté et flexibilité de sa voix, tandis que d'autre vantent son étendue : il s'agissait certainement d'un soprano (trop ?) léger dans le goût de l'époque. Le librettiste Foppa affirme lui avoir dédicacé une œuvre de jeunesse. |