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Margherita GIACOMAZZI

ca 1715 – ?

Aussi [Margarita]

La Giocamazzi dispose d'un organe d'une souplesse extraordinaire et d'une étendue effarante : l'arme de guerre rêvée pour battre les plus grands castrats napolitains à leur propre jeu, à coup de vocalises interminables et de canto di sbalzo étourdissant.
Vivaldi pressent bien le parti qu'il peut tirer de pareille interprète, alors que la vague des Hasse, Porpora et Giacomelli emporte tout sur son passage à Venise. Il confie plusieurs rôles à cette jeune chanteuse à Vérone en 1735, dont la terrible Matilde dans L'Adelaide, et Irene dans le pasticcio Bajazet. La cantatrice y reprend deux airs emblématiques du répertoire de Farinelli, d'une immense difficulté. Elle poursuit avec Costanza dans Griselda en 1735 à Venise, mais rejoint ensuite la magnifique troupe du prestigieux San Giovanni Grisostomo. Avec Amorevoli, la Tesi, Salimbeni ou la contralto Della Parte, Giacomazzi incarne Cléopâtre dans Cesare in Egitto de Giacomelli. Giacomazzi apparaît à Naples pour le carnaval 1736-37 comme seconde chanteuse derrière la Tesi, et chante Hasse.
Vivaldi renoue avec le phénomène pour la saison 1737-38, dans L'Oracolo in Messenia (ci-contre), pour la nouvelle version d'Armida al campo d'Egitto, et comme primo uomo de Rosmira. Elle a dès lors l'habitude de chanter des rôles travestis : question de morphologie, ou de style de chant, effectivement proche de celui des castrats ?
Elle incarne le Plaisir en 1740 à Modène dans une festa teatrale de Pulli, avec la contralto Zanucchi et le ténor Tomij. Caffarelli, les Baratti et la Strada sont ses partenaires à Naples, en 1741. C'est toujours à Venise qu'elle accompagne le castrat de Dresde Rocchetti pour chanter le rôle titre d'Artaserse de Terradellas en 1743, et un opéra de Porpora. La saison suivante se déroule à Mantoue, avec Marianna Imer et le contralto Peretti.

C'est à cette époque qu'elle rejoint la troupe des Mingotti, et chante à Graz et Prague en 1746 dans plusieurs productions de Vinci, Galuppi et du jeune Gluck (La Finta Schiava) avec le ténor Canini. Giacomazzi se produit aussi à Dresde l'année suivante et rejoint Londres, en concert et à l'opéra, pour la saison 1749-50, notamment comme protagoniste d'Adriano in Siria de Ciampi avec Guadagni et le ténor Laschi.

En 1751, on la retrouve comme primo uomo à Bergame, dans Artaserse de Pescetti. La soprano est à Venise en 1753. Elle chante à Graz en 1754, avec la Farinella, et encore comme primo uomo. Elle est à Brescia en 1756 puis Venise en 1757 (où elle chante notamment Gassmann). Elle porte parfois le titre de virtuose de l'électrice de Bavière, ce qui peut laisser supposer un séjour à Munich.

Fabuleuse virtuose, Margherita Giacomazzi a inspiré à Vivaldi des airs de tous types poussant les difficultés à l'extrême sans mettre de côté l'expression. Le charme et le défi relatifs à Agitata da due venti (placé dans deux opéras) ont fait de cette aria l'une des plus populaires de l'époque baroque : du sib4 au la2 s'étale un catalogue de difficultés vocales.
Trois cantatrices nommées Maria Teresa, Maria Cecilia et Maria Antonia font carrière plus tard sous le même patronyme.

Il Tamerlano [Bajazet] Irene A. Vivaldi et al. 1735 Vérone
  Enregistrement au choix
Griselda Costanza A. Vivaldi 1735 Venise
  V. Cangemi, ensemble Matheus dir. J.-C. Spinosi – CD Naïve
Cesare in Egitto [2] Cleopatra G. Giacomelli 1735 Venise
> air Chiudo in petto
A. Hallenberg, Erner Barockensemble dir. A. Pesch – captation de concert, Ernen 2014
Rosmira fedele Arsace A. Vivaldi et al. 1738 Venise
  S. Haller, ensemble Baroque de Nice dir. G. Bezzina – CD Dynamic 2003
Artaserse Artaserse D. Terradellas 1743 Venise
  A.-M. Panzarella, Real Compañía Ópera de Cámara dir. J. B. Otero – CD RCOC Records, 2009