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Luigia GERBINI

ca 1770 – ?

Aussi [Luiza] [Luisa] [Zerbini]

Les origines de cette cantatrice sont incertaines, mais sont probablement à situer à Turin, où l'on rapporte qu'elle étudie auprès de Pugnani. Luigia est soprano, mais également violoniste virtuose.
C'est toutefois comme chanteuse qu'on identifie sa trace sur scène pour la première fois, à Gorizia, en 1790, dans Li Due Supposti Conti de Cimarosa. La même année, elle se produit à Paris comme violoniste (notamment sous le patronage de Viotti, souvent présenté comme son mentor) mais aussi dans l'opera buffa. Le Mercure de France loue sa voix « belle à beaucoup d'égards », mais le Moniteur précise après les débuts dans le pasticcio Il Dilettante, où elle côtoie la basse Rovedino, le ténor Mengozzi et la célèbre soprano Morichelli :
La voix de la signora Gerbini est en général d'un très beau timbre, mais toutes les cordes n'en sont pas également cultivées. Son gosier se serre dans les cordes aiguës, ce qui leur donne de la sécheresse et de la dureté ; elle s'élève dans le haut avec facilité, mais pas toujours avec justesse ; elle a besoin en tout de travailler son intonation. Quant à l'expression, elle est absolument nulle. [...] En somme, elle a quelque chose encore à gagner pour la voix, beaucoup pour la méthode, et tout pour le maintien. Mais si la signora Gerbini a fait très peu d'effet comme cantatrice, elle en a fait beaucoup comme violon [...].
Luigia continue cependant de participer aux spectacles de la troupe italienne : en 1791, elle donne ainsi Le Vendemmie de Gazzaniga, par exemple.

En 1794, on retrouve Gerbini à Milan dans un concert vocal et instrumental, puis à Florence comme seconda donna seria avec la Bertinotti et le castrat Damiani, interprétant notamment Zingarelli. Elle paraît encore Livourne, Florence, Rome, Naples... En 1796, Luigia remplace Mlle Villeneuve à Livourne dans des opéras bouffes.

Luigia Gerbini gagne Madrid où elle est prima donna en 1798-99, puis Lisbonne où elle séjourne en 1799 et 1800. Elle y brille encore comme violoniste, mais aussi dans l'opera seria, dont Alessandro nell'Indie de Caruso et des créations de Portogallo. Son partenaire est alors le très célèbre castrat Crescentini.
Ses succès européens se poursuivent : la voici à Londres en 1802-03, où elle retrouve le répertoire léger et la basse Rovedino, mais pas uniquement (La Grotta di Calipso de Winter avec Billington, Viganoni). Certains journaux louent son talent vocal, mais d'autres la jugent froide et à peine mieux que médiocre. En 1807, elle joue à Vienne, puis l'année suivant à Milan. Luigia retrouve Paris en 1811, et joue encore de son violon à Bruxelles en 1815. Comme chanteuse, c'est à Londres encore qu'on la repère entre 1812 et 1818, y compris dans des opéras de Mozart comme Le Nozze di Figaro. Sa trace est ensuite perdue.

Partout applaudie comme instrumentaliste, parfois même entre les actes des opéras où elle chantait, Gerbini sut aussi défendre une carrière scénique. Sa voix était certainement plaisante et agile, et portée vers l'aigu comme le prisait le public d'alors, ce dont atteste ces mesures tirées d'Adrasto de Portogallo :

Adrasto Portogallo Gerbini