Fille cadette du célèbre compositeur Florian Gassmann, Therese devient cantatrice sous la houlette de son tuteur et professeur, Antonio Salieri, avec sa sœur Maria Anna. C'est naturellement à Vienne, leur ville natale et patrie d'adoption du vieil Italien, que débutent les filles Gassmann.
Therese s'impose comme la plus réputée, et témoignent des hautes capacités virtuoses de l'école de Salieri. Ainsi, dans Il Mondo alla rovescia, elle incarne la marquise débarquée sur une île où les rôles sociaux des hommes et des femmes sont inversés... Salieri lui confie le très redoutable Quando irato freme extrait d'Europa riconosciuta, air d'agilité suraigu écrit pour la Danzi-Lebrun. Therese reprend régulièrement un air de bravoure d'une autre élève illustre de Salieri, la Cavalieri, entonnant souvent Vedo l'amiche insegne de La Sconfitta di Borea, cantate de 1774 environ (air déjà confié à E. Wendling à Munich, dans Semiramide, avec le texte Sento l'amica speme). Elle intègre la troupe du Hoftheater en 1790, où se succèdent notamment Marianna Sessi, la Tomeoni, les basses Angrisani et Saal, le ténor Viganoni, puis Riccardi-Paër, mais Léopold ne l'apprécie guère et demande à ce qu'elle reçoive son congé. Elle demeure pourtant plusieurs années en troupe, et donne au moins neuf rôles secondaires auprès de Tomeoni et Riccardi-Paër. Elle chante dans une messe de Pichl en 1799. L'Allgemeine musikalische Zeitung commente ainsi la prestation de Therese Gassmann :
Mademoiselle Gasmann [sic] possède une belle voix homogène, mais se montre quelque peu maladroite, tant dans son chant que dans son jeu. Son point fort est la bravura, qui lui assure un certain succès, mais elle a tendance à chanter faux. Elle n'a aucune idée du théâtre.
Elle participe à plusieurs productions d'opéra en allemand : Therese avait déjà créé une cantate allemande de la pianiste Maria Theresa Paradis, en 1794, et incarné La Religion. En 1799-1800, Gassmann paraît dans Soliman der zweite de Süssmayer ou encore Der Schreiner de Wranitzky. Elle est la comtesse de Mozart dans une reprise intitulée Die Hochzeit des Figaro. La soprano est particulièrement appréciée dans la glorieuse reprise de Die Zauberflöte, chantant une brillante reine de la nuit – elle fait toutefois simplifier la partition et abaisser les airs d'un ton en 1812.
On entend également les Gassmann en concert, Therese faisant même partie des interprètes favorites de l'impératrice Marie-Thérèse. À la Tonkünstler-Sozietät, Therese paraît tous les ans à compter de 1795 où elle chante Zingarelli avec sa sœur, la Sessi et Viganoni, avant Süssmayer, Winter, Romagnolli, Haydn, Salieri, Cimarosa jusqu'en 1798. Elle y revient en 1801 pour reprendre Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze, dans la version chorale de Haydn qu'elle a créée en Autriche.
Therese Gassmann est également liée à la cour d'Eisenstadt, où elle interprète des pièces de Haydn. Il est tout à fait possible que la difficile partie de soprano solo de la Missa in angustiis (Nelsonmesse) lui ait été confiée, comme d'autres parties des dernières messes du maître. La cantatrice se produit comme soliste à la chapelle d'Esterháza, mais il semble que Vienne reste son point d'ancrage.
En 1800, Therese épouse d'ailleurs Joseph Carl Rosenbaum, secrétaire du prince Esterházy ; le mariage est difficile à obtenir et il faut tout l'appui de Haydn pour y parvenir. Les noces entraînent cependant le renvoi de Rosenbaum.
Lorsque Joseph Haydn meurt, Rosenbaum et un comparse réussissent à obtenir la tête du compositeur, pour étudier le cerveau du génie. La relique est conservée secrètement par le couple Rosenbaum, mais lorsque la nouvelle est connue, on envoie la police chez eux pour récupérer le crâne. Therese reste allongé sur le lit et prétexte d'être incommodée pour éviter qu'on fouille son lit : c'est dans le matelas que les Rosenbaum avaient caché la relique du musicien ! |