Soprano de renom. On la repère dans un modeste théâtre à Varese à l'automne 1796, d'abord dans Gli Artigiani d'Anfossi et un opéra de Paër. C'est à Milan qu'on l'entend ensuite, dans des pages de Cimarosa, Paër et le fameux Axur de Salieri (en Aspasia) dont le rôle titre est tenu par Andrea Nozzari. L'œuvre est un pont idéal vers le répertoire sérieux, abordé justement à Florence, Pise et Trieste (Le Feste d'Iside de Nasolini avec David et Paolo Belli). Elle continue dans l'opera seria à Venise, au San Benedetto en 1799, avec le ténor Brizzi. Dès lors, à l'instar de beaucoup de ses contemporaines, Eufemia abordera tous les registres, du melodramma ou dramma giocoso plus ou moins sentimal au dramma per musica plus tragique. Sa carrière est lancée au plus haut niveau : la voici à Turin, à Parme à la Scala de Milan où elle crée Le Due Giornate de Mayr. En 1803-04, la diva chante de pages sérieuses au San Carlo de Naples avec le ténor Crivelli et le castrat Velluti. Au programme, des musiciens comme Paisiello, Guglielmi et Andreozzi. On l'entend encore à Turin (en Rinaldo dans Armida de Haydn, voir ci-dessous en costume), Brescia, Florence et jusqu'à Rome en 1806.
Eckart est alors engagée au théâtre royal de Lisbonne. De 1806 à 1808, elle y reste principale interprète des premiers rôles masculins, puisque les castrats sont désormais en retrait, même dans une ville comme Lisbonne où ils demeurent très prisés. De Pirro de Zingarelli au Trionfo di Davvide de Guglielmi, elle est primo uomo avec notamment Marianna Sessi, le ténor Mombelli ou encore le castrat Bologna.
La soprano reparaît en Italie en 1810, justement dans un opéra de Portugal (Portogallo), compositeur portugais, présenté à Florence. Elle continue d'incarner les primi uomini. À l'occasion d'I Riti d'Efeso de Farinelli à Reggio, en 1811, un critique écrit :
Voix extrêmement agile, limpide, étendue, qui semble se complaire de difficultés toujours surmontées avec le plus grand aise et avec maestria.
Les louanges se multiplient l'année suivante à Venise ou encore Bologne : on loue son trille inimitable, sa voix plaisante et douce, et on la compare à la Tesi, que les rédacteurs ne pouvaient avoir entendue, mais dont l'éloquence, le sens du pathos, la diction et le jeu étaient demeurés légendaires. Elle crée notamment Atamante (Idamante) dans Idomeneo de Farinelli, reprend un succès de Mayr... En 1813, la voici à Sienne et Rome, puis à Ancône en 1815 dans l'inévitable Ginevra di Scozia de Mayr, sur les traces de Marchesi. Ses dernières prestations connues ont lieu en 1817 à Parme, dans Artaserse de Portugal et Didone abbandonata de Paër.
C'est une des divas les plus en vue du début du siècle. |