Cette soprano illustre la diffusion du genre italien dans toute l'Europe.
D'origine vénitienne, elle doit sans doute son patronyme à un époux ou des parents allemands.
La soprano entre au service de la princesse de Toscane, et chante Ipermestra de Vivaldi et un opéra de Bencini à Florence en 1727, avec Barbara Stabili, le ténor Fabri et la contralto Lancetti ; c'est sa première apparition connue. La rencontre avec le prêtre roux lui vaut sans doute une flatteuse recommandation puis un engagement auprès du théâtre Sporck dirigé par le ténor Denzio, à Prague, où elle se rend via Bruxelles, où elle chante avec Antinori et Anna Dotti dans un Merope et un Temistocle anonymes le temps d'une saison. Elle chante à Prague en 1730-31, et retrouve la musique de Vivaldi dans Argippo, avec le castrat Dreyer comme primo uomo. La soprano participe aussi à un pasticcio, Penelope la casta, et plusieurs autres productions.
Giustina paraît à Trévise puis Venise, en 1731-32, et endosse des seconds rôles avec Amorevoli, la Turcotti et la Peruzzi dans Alessandro nell'Indie de Pescetti et Annibale de Porpora. En 1733-34, elle est de retour en Europe centrale et se produit à Wrocław.
Elle est ensuite conviée, via Venise, à la cour de Bayreuth où Wilhelmine constitue une troupe italienne. Le castrat Zaghini fait partie de la compagnie, et Giustina Eberard plaît suffisamment pour s'installer deux ans. Pourtant, la margrave laisse un portrait peu flatteur de la soprano, dont l'apparence n'est guère flatteuse (en français dans le texte, sic) :
Notre Troupe Joyeux est enfin arrivée la chanteuse a une tête moins que moy (vous juges bien par la quelle n'a pas sujet de craindre à être Initiée au grand Corp de Postdam) avec cella elle est très laide et fait des Grimaces a fait peur sa voix et sa Mettode la Recompance de toutes ces difformité.
Eberard participe à divers opéras dont un Eliogabalo en 1742, Lucidoro et Siface les années suivantes ainsi que La Clemenza di Tito (Hasse ?) dans le rôle de Servilia : elle quitte la cour en 1745. Dans la troupe figurait le ténor Johann Otto Diener ou encore le castrat Zaghini.
On entend parler d'elle jusqu'en 1755. |