Margherita DURASTANTI |
ca 1685 – ? |
Aussi [Durastante] |
La date de naissance exacte de la Durastanti n'est pas connue, mais on la repère en 1700 dans un pasticcio donné à Venise puis à la cour de Mantoue (La Forza dell'amicizia), où elle est peut-être employée, dans des rôles travestis avec le castrat Pellegrini et la Landini. On la retrouve encore en 1703 à Casale Monferrato dans La Statira. Dès début 1707, elle est l'étoile des musiciens protégés et entretenus par le prince Ruspoli à Rome, l'un des plus grands mécènes de la ville et membre du mouvement de l'Arcadie. Elle y interprète en privé – les femmes n'ont pas le droit de se produire en public dans les États du pape – des œuvres de Haendel lors de son passage dans la capitale, et probablement de Scarlatti et Caldara. Dans ce palais, elle côtoie d'excellents vocalistes des collèges religieux de la ville, notamment la chapelle Sixtine, comme la basse Cinotti, le ténor Chiccheri et les castrats Luparini, Finaja, Betti... La littérature rapporte que sa prestation dans La Resurrezione, œuvre sacrée, vaut une réprimande à Ruspoli – ce qui est attesté –, et qu'elle y a été remplacée par un castrat, mais cette hypothèse n'est pas convaincante.
Entre 1709 et 1712, Durastanti est prima donna sur la scène des Grimani à Venise, le plus prestigieux théâtre de la ville. Flanquée de sa rivale la brillante Diamantina, Margherita retrouve Haendel pour l'opéra Agrippina, dont le succès est fracassant. La Durastanti est considérée comme l'une des toutes premières chanteuses d'Italie, et sa gloire l'amène entre Bologne, Milan, Reggio Emilia, Florence, Gênes, Parme, Vicence... Parmi ses créations, citons Amore e Maestà d'Orlandini, Eumene de Borghi et le rôle titre de Il Giustino d'Albinoni. En 1715-17, elle s'impose à Naples dans une dizaine de productions et crée notamment Carlo, re d'Allemagna d'Alessandro Scarlatti, avec Senesino. Les deux chanteurs sont recrutés par Veracini pour la cour de Saxe, où l'électeur a l'ambition de réunir les meilleurs vocalistes de son temps pour s'illustrer dans la « Florence de l'Elbe » : outre les deux virtuoses, la compagnie compte Santa Stella, le castrat Berselli, Johanna Elisabeth Hesse (du clan Döbricht régnant sur l'Allemagne du Nord), Maddalena Salvai, la basse Boschi et le ténor Guicciardi, ensuite rejoints par la Tesi et la Coralli. Ce somptueux ensemble crée divers opéras de Lotti, dont Giove in Argo et Teofane, ainsi que des pages d'Heinichen. C'est dans la Teofane de Lotti en 1719 qu'Haendel retrouve la Durastanti et la recrute pour l'Académie royale de musique de Londres : ce sera le prolongement d'une collaboration durable entre deux musiciens qui s'estiment au plus haut point
Arrivée en Angleterre, la Durastanti débute dans Numitore de Porta en 1720 avant de chanter le rôle titre de Radamisto de Haendel, avec nombre des meilleurs chanteurs britanniques : Ann Turner Robinson, Alexander Gordon et Anastasia Robinson. Elle participe également au Narciso de D. Scarlatti, se présente au public londonien dans un concert et, quand arrive le grand Senesino, récupère le rôle de Zenobia dans Radamisto. En 1721, elle donne naissance à une fille dont le roi George et la princesse sont parrains. La soprano quitte un temps la scène londonienne pour se produire à Munich avec Bernacchi et à son retour, malade, ne participe pas à tous les opéras donnés. On la retrouve néanmoins entre 1722 et 1724, par exemple dans Flavio ou Giulio Cesare, mais elle doit alors rivaliser avec la jeune et stupéfiante Francesca Cuzzoni, qui s'octroie tous les premiers rôles féminins.
Après un concert d'adieu à Londres au cours duquel la cantatrice interprète But let old charmers de Pope écrit pour l'occasion, Duranstanti chante à Paris en 1724, mais revient à Londres pour chanter des pasticci proposés par Haendel, comme Semiramide riconosciuta, Caio Fabrizio et Arbace. Elle rejoint la troupe du Saxon à l'époque de Carestini et de la Strada, et crée Tauride dans Arianna in Creta en 1734 avec des reprises de Sosarme (Haliate) et Il Pastor fido (Eurilla). Après la saison 1733-34, où elle laisse des impressions mitigées, on n'entend plus guère parler d'elle.
La Durastanti est l'interprète ayant collaboré le plus longtemps et le plus fidèlement avec Haendel. Tous les rôles écrits pour elle reflètent le talent d'une interprète racée à la voix centrale (ré3 – la4 en début de carrière, si2 – sol4 à la fin) étrangère aux effets gratuits bien que capable d'éclats virtuoses. Sa vaste palette dramatique et son art expressif sont pleinement exploités par Haendel qui lui réserve nombre de ses meilleurs pages, comme le rôle d'Agrippine et l'étonnante scène Pensieri, voi mi tormentate. Elle était encore capable, après plus de trente ans de carrière, d'affronter un rôle aussi exigeant que le général Tauride ! La Durastanti excellait dans la sicilienne, mais aussi dans les airs tortueux à l'intonation savante et les grands écarts.
Son physique était peu avenant, et elle chantait souvent des rôles masculins (Sesto, Vitige, Tauride..), ou de femme à poigne (Agrippina, Gismonda...) : le librettiste installé à Londres Paolo Rolli la qualifie d'« éléphant » et Burney la définit comme « rude et masculine. » |
cantate Tu fedel? Tu costante? |
– |
G.F. Haendel |
1707 |
Rome |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
Salve regina |
– |
G.F. Haendel |
1707 |
Vignadello |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
cantate Armida abbandonata |
Armida |
G.F. Haendel |
1707 |
Rome |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
No se emendera jamas |
– |
G.F. Haendel |
1707 |
Rome |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
Sans y penser |
Silvie ? |
G.F. Haendel |
1707 |
Rome |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
cantate La Lucrezia |
Lucrezia |
G F. Haendel |
170? |
Rome |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
La Resurrezione |
Maddalena |
G.F. Haendel |
1708 |
Rome |
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Enregistrement au choix |
cantate Olinto pastore |
Olinto |
G.F. Haendel |
1708 |
Rome |
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Enregistrement au choix. Attribution incertaine |
cantate Il Duello amoroso |
Amarilli |
G.F. Haendel |
1708 |
Rome |
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Enregistrement au choix |
Agrippina |
Agrippina |
G.F. Haendel |
1709 |
Venise |
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Enregistrement au choix |
Eumene [2] |
Laodicea |
F. Gasparini |
1715 |
Naples |
>duo Se non temi |
V. Genaux, Concerto Copenhagen dir. L.U. Mortensen – Farinelli vs Senesino, retransmission de concert, Copenhague 2018 |
La Gloria di Primavera |
Estate |
A. Scarlatti |
1716 |
Naples |
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S. Ograjenšek, Philharmonia Baroque Orchestra dir. N. McGegan – CD Philharmonia Baroque 2015 |
Carlo, re d'Alemagna |
Giuditta |
A. Scarlatti |
1716 |
Naples |
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Version abrégée : R. Invernizzi, Stavanger symphony orchestra dir. F. Biondi – CD AgOgique 2013 |
Teofane |
Gismonda |
A. Lotti |
1719 |
Dresde |
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Version abrégée : Å. Elmgren, dir. R. Goebel – captation de représentations à St Gallen, 2000 |
La Gara degli Dei |
Venere ? |
J.D. Heinichen |
1719 |
Dresde |
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A. Coku, Orchestre Carl Philip Emanuel Bach dir. H. Haenchen – retransmission de concert, Berlin 2003. |
Radamisto [1] |
Radamisto |
G.F. Haendel |
1720 |
Londres |
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M. Beaumont, Il Complesso barocco dir. A. Curtis – CD Virgin classics |
Narciso |
Narciso |
D. Scarlatti et al. |
1720 |
Londres |
> air Mio bel sol
> air et duetti Caro dardo * Dio d'amor * Rivolgo il passo altrove |
D. Visse, La Grande Écurie et la Chambre du Roy dir. J.-C. Malgoire – retransmission de concert, Vienne 1990
O. Pitarch, Real Compañía Ópera de Cámara dir. Otero – retransmission de concert, YouTube.
Dont un air de T. Roseingrave : O. Alemán, La Tempestad dir. S. Márquez – Sopranos y Castrati en el Londres de Farinelli, CD MAA 2007 |
Astarto [2] |
Elisa |
G. Bononcini |
1720 |
Londres |
> duo Mai non potrei |
G. Dalle Molle, orchestra dell'incontro musicale di Romani dir. F. A. Biondi – retransmission radio, Rome, 1976
V. Genaux, Concerto Copenhagen dir. L.U. Mortensen – Farinelli vs Senesino, retransmission de concert, Copenhague 2018 |
Radamisto [2] |
Zenobia |
G.F. Haendel |
1720 |
Londres |
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J. Gondek, orchestre baroque de Fribourg dir. F. McGegan – CD Harmonia Mundi 1993
L. Nikiteanu, La Scintilla dir. W. Christie – captation de représentations à Zurich, 2004 |
Muzio Scevola |
Clelia |
G.F. Haendel et al. |
1721 |
Londres |
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Extraits : J. Baird, Brewer baroque chamber orchestra dir. R. Palmer – CD Newport classic 1992 |
cantate Crudel tiranno amor |
– |
G.F. Haendel |
1721 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Ottone |
Gismonda |
G.F. Haendel |
1723 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Caio Marzio Coriolano |
Veturia |
A. Ariosti |
1723 |
Londres |
> airs Sagri numi * E' pur il gran piacer |
E. Zaïcik, Le Consort – Royal Haendel |
Flavio |
Vitige |
G.F. Haendel |
1723 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Giulio Cesare |
Sesto |
G.F. Haendel |
1724 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
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Semiramide riconosciuta |
Semiramide |
L. Vinci et al. |
1733 |
Londres |
> air Fuggi dagl'occhi miei |
A. Bonitatibus, Accademia degli Astrusi dir. F. Ferri – La Signora regale, CD Deutsche harmonia mundi 2014 |
Caio Fabrizio |
Bircenna |
J.A. Hasse et al. |
1733 |
Londres |
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Poulsom, H. London Early Opera dir. B. Cunningham – CD Signum records 2022 |
Arbace |
Artabano |
Vinci, Hasse, Porta |
1734 |
Londres |
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B. Mazzucato, Auser musici dir. C. Ipata – retransmission de concert, Halle 2019 |
Arianna in Creta |
Tauride |
G.F. Haendel |
1734 |
Londres |
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M. Paparizou, Orchestre de Patras dir. G. Petrou – CD MDG, 2006
A. Hallenberg, Les Talens lyriques dir. C. Rousset – retransmission de concert |
Récital hommage |
– |
G.F. Haendel |
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Londres |
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L. Hunt, Philarmonia Baroque Orchestra dir. N. McGegan – Arias for Durastanti, CD Harmonia mundi |
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