Les origines de cette cantatrice sont peu connues. Elle est l'épouse d'un chanteur nommé Giuseppe De Bernucci, sans doute médiocre musicien et mari très complaisant.
En 1777, la soprano est à Varsovie, puis entre au service de l'impératrice à St-Pétersbourg deux ans plus tard, y rencontrant un très grand succès. L'engouement de Catherine de Russie est tel qu'elle l'emmène avec elle pour rencontrer Joseph II lors d'une rencontre officielle, au cours de laquelle Anna Davya De Bernucci chante La Finta amante de Paisiello (1780).
Prima buffa assoluta, cette fameuse soprano a l'honneur de créer deux des plus beaux succès de ce compositeur alors au service de la cour : La Serva padrona et surtout Il Barbiere di Seviglia. Cet opéra connaît une fortune extraordinaire en Europe, jusqu'à ce que la version rossienne le détrône. Malgré sa popularité, la soprano immortalisée dans un portrait est finalement remerciée en raison d'affaires sentimentales malvenues avec le prince A. Bezborodko, qui l'entretient richement.
De retour en Italie, et comme de nombreux musiciens de son temps, la prima donna alterne opéra sérieux et bouffe à Venise, Palerme, Naples, Florence... Ainsi, en 1787 elle est à Venise pour créer L'Orfanella americana d'Anfossi, avec Louise Villeneuve et son mari Giuseppe Bernucci. Elle se produit aussi à Naples en 1789, retrouvant Paisiello pour Gli Zingari in fiera (avec la basse Tasca) et l'immense succès comico-sentimental L'Amor contrastato, plus connu sous le titre La Molinara dont est tiré l'apparemment inusable Nel cor più non mi sento.
C'est à Naples qu'elle commence à vraiment embrasser plus franchement un style différent, mêlant quelques pages sérieuses (oratorio, opera seria) à ses incarnations comiques dès 1790. Le tournant est pris et les années suivantes sont très largement dominées par le grand genre à Naples, Florence, Vérone, Livourne (en compagnie de Giacomo David et du castrat Francesco Porri), Modène, Padoue, Gênes... On l'entend dans des pages emblématiques de cette décennie, comme La Morte di Semiramide de Borghi avec le castrat Mattucci, Il Pirro (avec le castrat Paolo Belli) et Elfrida de Paisiello (avec le castrat Roncaglia) ou encore L'Olimpiade de Cimarosa avec Marchesi et le ténor Carri. Sa dernière prestation connue date de 1796, dans une production de Zenobia in Palmira d'Anfossi à Palerme avec la contralto Maddalena Ammonini.
Il se pourrait néanmoins qu'elle paraisse encore à Modène en 1803 dans Teseo a Stige de Nasolini.
Charmant soprano à la voix assez centrale, Anna Davia pouvait faire preuve d'une certaine virtuosité, certes pas torrentielle. Ses parties plutôt médianes et le naturel des mélodies de Paisiello ont fait de plusieurs de ses airs des favoris des chanteuses aujourd'hui encore, débutantes ou confirmées, soprano ou mezzo-soprano (Chi vuol la zingarella aligne de nombreux ut3). Sa voix et son tempérament ont dû prendre un certain poids dans les années 1790, étant donné l'évolution de sa carrière vers l'opera seria où l'on appréciait alors les voix plus dramatiques (ou les sopranos suraigus).
Dans les sources, Anna est souvent confondue avec Angela Davia, chanteuse d'opera seria de second plan active dès la fin des années 1750 en Italie et brièvement à Amsterdam, puis en Italie du Nord dans l'opera buffa entre 1766 et 1773 environ. Elles sont peut-être de la même famille. |