Cecilia et Marianne (Mary Ann) Davies sont deux sœurs et charmantes cantatrices, filles du flûtiste et compositeur Richard Davies, nées respectivement en 1757 et 1744.
L'aînée Marianne s'impose rapidement comme une jeune prodige, et donne son premier concert à sept ans, dans des pages de Haendel pour clavier avec d'autres musiciens et les chanteurs Beard et Frasi. Ses talents ne se limitent pas au clavecin puisqu'elle se spécialise aussi dans la flûte, avec son père ou avec le chanteuse Isabella Young-Lampe. C'est à l'harmonica de verre, nouvel instrument aux sonorités éthérées inventé par Benjamin Francklin que se distingue surtout Marianne Davies, qui en possède un dès 1762. Cecilia commence à développer des talents pour le chant et interprète Margery dans la première du Love in a Village arrangé par Arne, avec Charlotte Brent.
La famille Davies voyage alors entre Londres, l'Irlande, Paris, puis l'Italie et Vienne entre 1768 et 1773.
Après avoir brillé comme prima donna à Venise (La Circe de Mysliveček ou une reprise du Ruggiero de Hasse) et Livourne, Cecilia (et sa sœur) est hébergée un temps chez les Hasse à Vienne, échangeant des leçons de chant contre des leçons d'anglais. Il devient vite évident que la cadette est plus douée vocalement que Marianne, qui se limite de plus en plus au jeu instrumental.
À Schönnbrunn, elles donnent ainsi la cantate L'Armonica de Hasse en 1769, avec harmonica de verre ; on loue surtout la capacité de Cecilia à fondre sa voix avec le timbre de l'instrument.
Le retour à Londres voit l'ascension de la carrière de Cecilia, tandis que Marianne souffre d'instabilité mentale – mal souvent attribué à l'harmonica de verre – et se produit de moins en moins. Cecilia est l'Inglesina, la première Anglaise à s'imposer dans l'opéra sérieux en terre italienne ! Elle est engagée au King's Theatre et, malgré ses nombreuses disputes, notamment avec son partenaire le castrat Millico, fait fureur auprès de ses compatriotes.
Sa voix était légère est extrêmement claire et flexible, et d'une instrumentalité parfaite dans la bravoure. Typiquement, les avis sur son interprétation de l'adagio sont plus divisés : on lui reproche un manque d'expression, de variétés dans les colorations. Elle chante néanmoins avec un grand succès à Londres, où l'on apprécie immensément les rossignols, surtout s'ils sont anglais ! Entre 1773 et 1777, Cecilia chante donc Lucio Vero et Perseo de Sacchini, divers oratorios de Haendel (dont Messiah au Foundling Hospital), L'Ali d'amore de Rauzzini ou encore Orione de J. C. Bach.
Peu de temps après, les sœurs Davies quitte l'Angleterre et se fixent à Florence, où elles se trouvent dans un état de précarité avancé lorsque Lord Mount Edgcumbe les découvre en 1784. La communauté anglaise de la ville se mobilise et après un concert à leur bénéfice, les musiciennes peuvent regagner leur patrie. En 1787, Cecilia se produit en concert en chante l'oratorio à Drury Lane en 1791 (essentiellement Haendel, dont Judas Maccabaeus et Israel in Egypt). Haydn note alors la solidité de sa technique.
Cette année marque les dernières apparitions publiques de la chanteuse, qui termine sa vie dans la pauvreté et l'oubli, Marianna précédant Cecilia dans la mort d'une vingtaine d'années.
On se rappellera essentiellement de Cecilia Davies comme de la première cantatrice anglaise à avoir brillé en Italie dans l'opéra sérieux. |