Les origines de Teresa sont incertaines ; parfois indiquée comme étant Allemande, elle semble en fait voir le jour à Venise en 1723 sous le nom de Imer, fille du comédien Giuseppe Imer connu pour ses participations aux pièces de Goldoni. On la repère à Vérone en seconda donna d'Artaserse de Chiarini avec la Camati puis en Cleopatra de Cesare in Egitto de Giacomelli en 1741, puis à Florence et sa ville natale de Venise en 1742 (second rôle derrière la Stabili et Salimbeni dans Demetrio de Gluck). Sa carrière débute aussi en dehors de la scène : à dix-huit ans, elle est la maîtresse d'un sénateur septuagénaire, et rencontre Casanova qui lui fait sans doute deux enfants (dont une petite Sophie qu'il retrouve à Londres quelques années plus tard). Teresa paraît ensuite à Padoue et Gênes, toujours comme seconda donna seria. À cette époque, elle épouse le danseur Angelo Pompeati, dont elle se sépare en 1755.
Teresa entame alors ses pérégrinations européennes : elle retrouve notamment le jeune Gluck à Londres en 1746, avec les castrats Monticelli et Jozzi, par exemple Artamene. Elle interprète également Alessandro nell'Indie de Lampugnani et Antigono de Galuppi au King's Theatre cette même saison, en qualité de seconda donna auprès de Marianne Imer, des castrats précités et de Giulia Frasi.
La soprano passe par Vienne et accompagne le ténor Hager, la soprano Aschieri et le castrat Poma dans La Clemenza di Tito de Wagenseil, en 1746 encore.
Rejoignant la troupe de Pietro Mingotti, Teresa paraît à Hambourg en 1748 (pour Bajazet, pasticcio, mais aussi Hasse) ou encore Copenhague avec le ténor Hager, le castrat Casati, Marianne Pirker et Maria Masi. L'ensemble interprète notamment un Temistocle. La Pirker écrit à son mari, pour commenter les intrigues et négociations financières de sa collègue « ... la Pompeati est à présent repartie, Dieu merci, de ma vie je n'ai connu de prima donna plus intrigante » ; elle dénonce ses intrigues avec le compositeur de la troupe Scalabrini.
En 1750, Teresa est prima donna à Braunschweig dans une page de Fiorillo, et rejoint la cour de Munich où elle est, dit-on, maîtresse du margrave qui serait le père de sa fille née à cette époque ; la soprano y chante un Semiramide en 1753 puis L'Huomo de Bernasconi en 1754, avec le castrat Leonardi et la Turcotti. Entre ces productions, elle retrouve néanmoins Maria Masi à Turin où elle chante comme prima donna dans Bajazet de Jommelli (ci-contre), puis Demofoonte de Manna.
Elle demeure ensuite à Paris de 1754 à 1756. C'est en Belgique et aux Pays-Bas que Teresa paraît les années suivantes sous le nom de Mme Trenti, alors qu'elle monte des troupes lyriques à Anvers, Gand, se produit à Liège, Amsterdam (concerts en 1758-59)... Teresa y interprète notamment des pages d'opéra comique français rapportées de Paris, comme Les Troqueurs de Dauvergne. Elle participe activement à la vie culturelle locale, et se marie avec un riche bourgeois dont elle prend le nom, Cornelys. Casanova la retrouve à Amsterdam, avec sa fille.
Installée à Londres au début des années 1760, elle achète la Carlisle House à Soho et y organise de fameux concerts le jeudi soir, confiés à Cocchi en 1764 puis l'année suivante au duo Bach-Abel, qui font sa célébrité et donnent des spectacles jusqu'en 1782. Elle participe à la création de Judith d'Arne en 1761, avec la diva Charlotte Brent et le castrat Tenducci. Teresa Cornelys imagine des pirouettes pour contourner les lois réglementant les représentations d'opéra et agrandit constamment son palais des plaisirs où elle organise des bals, mascarades, concerts... Cela ne l'empêche pas d'être traînée en justice avec le castrat Guadagni après la représentation d'Artaserse de Vento, en 1771. Bien entendu, si la réputation de la femme fait scandale, ses divertissements finissent par attirer tout Londres. Burney et Walpole en disent grand bien. On rapporte qu'elle reçoit l'aide de Casanova dans cette entreprise, mais ses investissements trop lourds la mènent à la banqueroute. Néanmoins, elle continue de multiplier les affaires diverses dans une nouvelle maison, change encore de nom... Malgré ces efforts, ses dettes la rattrapent et c'est en prison que Teresa Cornelys termine ses jours.
Une biographie au titre croustillant parue en 2003 témoigne du caractère sulfureux du personnage, aujourd'hui encore : The empress of pleasure: the life and adventures of Teresa Cornelys - queen of masquerades and Casanova's lover (Judith Summers). À la lumière des jugements de l'époque, une femme comme Teresa Pompeati semble capricieuse et immorale, à l'intar de la cantatrice Caterina Gabrielli, mais il s'agissait surtout de femmes capables d'échapper à certains diktats sociaux par leur hardiesse et leur talent.
Vocalement, elle semblait tout à fait capable de vocaliser jusqu'au contre-ut au moins. Il s'agit en tout cas d'une figure intéressante. |