D'origine romaine, Antonia Coresi fait partie des grandes chanteuses de son temps, à l'instar de Giulia Masotti, et chante sur les scènes les plus réputées.
Elle est notamment à Venise comme prima donna pour 1665-66 et les deux saisons qui suivent, avec des conditions très avantageuses : la jeune cantatrice s'impose vite comme l'une des favorites du public vénitien pendant une dizaine d'années. Elle crée Tito de Cesti au SS. Giovanni e Paolo puis Alciade de Ziani, reprend La Dori de Cesti – un des plus grands succès du temps – et doit sans doute créer l'Eliogabalo de Cavalli, finalement remplacé par un opéra Boretti, dont elle interprète aussi Meraspe. Les castrats Cavagna et Donati sont des partenaires réguliers, ainsi que son époux le ténor Nicola Coresi, de moindre talent mais très affairé à gérer sa carrière. En 1672, elle se produit toujours à Venise, et comme beaucoup de ses collègues, effectue de constants allers et retours entre la capitale et la ville des lagunes, aux frais des imprésarios. On entend aussi la Coresi à Plaisance en 1669, pour la création de Coriolano de Cavalli.
À Rome, la Coresi entre naturellement au service de la plus célèbre protectrice des musiciens, la reine Christine de Suède exilée en Italie. La reine fait transformer le couvent Tordinona en théâtre en 1669, édifiant ainsi le premier théâtre public de la ville, afin d'y faire chanter ses sirènes Antonia Coresi, Angelica Quadrelli, la Giorgina et Maria Landini, jusqu'à ce que le pape Innocent XI renouvelle l'interdiction faite aux femmes de se produire sur scène. Entre-temps, Coresi avait pu enchanter la ville en 1671 dans Scipione africano de Cavalli et Stradella, accompagnée du légendaire castrat Francesco Grossi qui y gagne le surnom de Siface : la reine est si satisfaite de sa prima donna qu'elle lui fait don d'une de ses toiles favorites, la Léda de Corregio. Antonia chante d'autres œuvres de Stradella, dont La Forza delle stelle, et se produit assurément en maintes occasions pour Christine et son entourage. En 1676, Antonia chante encore dans la Donna fedele.
La chanteuse séduit par sa voix exquise mais donne l'image d'une femme fourbe. Ferdinand de Gonzague s'entiche d'elle au point d'écrire à Christine de Suède en 1673, pour qu'elle la lui confie pour la prochaine saison. |