Le père de Celeste est un célèbre librettiste, inscrit dans la mouvance du genre séria. Elle voit le jour à Livourne, et devient elle-même une personalité de premier ordre sur la scène lyrique, parfois flanquée de sa sœur Anna.
Elle commence en 1773 à Florence dans Le Cinesi d'Astarita. Il semble qu'elle affronte le genre sérieux dans l'Antigona de Traetta, sur un livret de son père, en 1779.
C'est dans le genre bouffe, il est vrai de plus en plus sentimental, que la Coltellini récolte des succès retentissants : excellente actrice, elle compense une voix peu étendue et peu portée sur les artifices virtuoses par des accents touchants et des incarnations d'ingénues charmantes.
Après avoir participé à plusieurs ouvrages légers à Milan en 1780, elle chante abondamment à Naples (et Caserte) entre 1781 et 1790, participant à un nouvel âge d'or de l'opera buffa napolitain porté par Cimarosa, Paisiello (Le Gare generose), Tritto, Gazzaniga, Guglielmi (La Quakera spirituosa) etc. On l'entend avec les célèbres basses bouffes Trabalza, Luzio, Casaccia ou encore Morelli. Elle donne notamment Il Barbiere di Seviglia de Paisiello avec le ténor Mombelli, les basses Trabalza et Fischer, en 1783.
La diva séjourne cependant aussi à Vienne durant cette période après avoir été applaudie par l'empereur Joseph II à Naples, et y chante en 1785-86 et 1787-88 environ. Coltellini débute dans La Contadina di spirito de Cimarosa, puis participe à diverses productions dont La Grotta di Trofonio de Salieri avec la Storace et Paolo ou Stefano Mandini, ou encore Prima la musica e poi le parole du même auteur, qui remporte un beau succès. Mozart lui écrit une partie dans un ensemble inséré à La Villanella rapita de Bianchi, avec Benucci. Elle chante aussi Anfossi avec Dorotea Bussani et la basse Albertarelli.
Son retour en Italie est marqué par sa plus célèbre incarnation : au théâtre de cour de Caserte, elle crée une œuvre dont le succès se répand comme une traînée de poudre. Il s'agit de Nina, ossia la pazza per amore de Paisiello, présenté en 1789 et aussitôt reprise à Naples avec des partenaires plus prestigieux. L'opéra est célèbre pour sa scène de folie, et s'inspire d'une pièce à sauvetage de Dalayrac qui avait déjà bouleversé le public français dans l'incarnation de la Dugazon. Sa prestation dans La Molinara, toujours de Paisiello et sans doute révisé pour elle, est tout aussi célèbre.
Elle met fin à sa carrière en 1795, par suite de son mariage avec un très riche banquier. La chanteuse achève sa vie paisiblement à Naples.
Paul Scudo résume la fascination suscitée par la cantatrice dans la Revue des deux mondes :
Céleste Coltellini possédait une voix de mezzo soprano d'une étendue ordinaire et d'une flexibilité suffisante. Cette voix, juste, pure, d'un timbre pastoso [moelleux, suave] et d'une égalité parfaite semblait avoir été fait pour exprimer les sentiments délicats, les nuances pondérées de la passion. Vive, intelligente, elle saisissait promptement le côté pittoresque des rôles qu'on lui confiait, et savait leur donner une physionomie pleine de grâce et de vérité. Une taille élégante et bien proportionnée, des yeux pétillant d'esprit, un visage charmant qui s'épanouissait au moindre mot, laissant apercevoir, sous les rayons de la gaieté, une émotion tendre toute prête à déborder, tels étaient les dons naturels qui distinguaient Céleste Coltellini, dont le talent exquis a excité l'admiration de tous ses contemporains. L'Allemand Reichardt, Majer de Venise, le docteur Burney, Lord Edgcumbe, da Ponte lui-même, et surtout Ferrari, parlent de la Coltellini comme de la cantatrice la plus parfaite de la fin du XVIIIe siècle.
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