Comme c'est le cas de beaucoup d'artistes lyriques de l'époque, les traces de la Chiusi ne sont que parcellaires. On lui prête une origine romaine, ce qui était le cas de nombre des premières cantatrices à succès de Venise et d'ailleurs.
On sait qu'elle est engagée au San Appollinare, l'un des théâtres de Venise alors en plein boom de l'opéra, pour la saison 1653-54, et s'impose dans La Guerriera spartana de Ziani. À la fin de la saison, deux imprésarios lui envoient une lettre menaçante après qu'elle eu exigé de se faire verser directement tous ses cachets : si elle ne se produit pas jusqu'à la fin du carnaval, comme prévu, pour quelque prétexte que ce soit, elle sera responsable de toutes les pertes et dépenses éventuelles. Chiusi ne se laisse pas démonter et, arguant d'une maladie dont elle aurait informé les concernés, suggère d'aller devant les tribunaux – elle y obtient gain de cause. Ce n'est pas la seule occasion dans laquelle la chanteuse réclame son dû, puisqu'on trace de requêtes similaires liées à des prestations à Rome et Bergame. Régulière à Venise dans ces années-là (Erismena de Cavalli, immense succès), Chiusi y habite avec d'autres femmes de sa famille, dont sa sœur qui décède à Venise en 1658.
En 1658, d'ailleurs, Chiusi endosse le rôle de Rodope dans Le Fortune di Rodope e Damira, beau succès de Ziani qu'elle chante à Bologne puis Bergame (1660), Milan, et Turin (1662), systématiquement avec le castrat Rascarini. Elle croise aussi la diva Silvia Manni, les basses Canner et Lesma. |