Cette cantatrice étudie, selon Benedetto Croce, avec Piccinni et Sacchini. On la dit parfois originaire de Rome, ce qui apparaît d'ailleurs sur la gravure conservée au musée de Bologne ci-contre.
On la repère à Vienne pour le carnaval 1771, alors que les étoiles de la troupe sont en Italie et que la génération légendaire des années 1780 reste à venir. La troupe qui crée Don Chisciotte alle nozze di Gamace de Salieri, où elle tient le rôle de Rosa, n'est pas inoubliable – malgré la présence du fidèle Bussani – et l'œuvre ne plaît guère. Elle a tout de même l'occasion de remplacer la Schindlerin en Hélène dans Paride ed Elena de Gluck.
C'est à Venise qu'elle chante donc en 1772, dans le Motezuma de Galuppi, avec des brillants chanteurs dont Tenducci, Cortoni et Galeazzi, et la sulfureuse Gibetti. Chiavacci se fait entendre à Florence en 1774 avec Guarducci.
Le conte Zambeccari écrit cette année-là :
C'est une jeune actrice de calibre honnête; elle n'a pas une grande voix, bien que celle-ci soit étendue et ne manque pas d'agilité
En 1775, Clementina assure les premiers rôles à Padoue, chantant Mortellari, et à Mantoue avec le castrat Goti dans Armida de Gatti ; le prince Basilio Gonzaga lui offre de somptueux cadeaux. On la retrouve à Florence l'année suivante, où elle brille avec Lucia Alberoni, le ténor Ansani et le primo uomo Guarducci dans Adriano in Siria de Mysliveček et un opéra de Paisiello. Elle se présente aussi à Sienne avec Adamberger et Veroli.
Paris donne quelques opéras italiens en 1778-79, et la Chiavacci s'arroge les rôles de prima buffa, accompagnée de Rosa Baglioni et du ténor Caribaldi : le succès est au rendez-vous (éloge paru dans le Mercure de France en 1778 ci-contre). Elle incarne ainsi La Sposa collerica de Piccinni, et d'autres œuvres légères du même et d'Anfossi. On écrit alors :
La Signora (Clementina) Chiavacci qui joint à une figure très- agréable un organe très-flatteur, a parfaitement bien rendu le rôle de la Comtesse. On admira la facilité avec laquelle cette Actrice rend les passages les plus difficiles.
Narquois, Castil-Blaze rapporte dans ses Théâtres lyriques de Paris de 1856 :
La signora Chiavacci, prima donna assulota, cantatrice d'un grand talent, pleine d'esprit et de finesse, y triomphe. Piccinni compose pour elle une cavatine de bravoure que l'on ajoute à l'opéra nouveau [Il Matrimonio per inganno]. La signora Clementina Chiavacci brillait dans le monde par sa magnificence; elle jouait la femme de qualité; son équipage somptueux était précédé par un coureur. La cantatrice italienne effaçait toutes les virtuoses galantes de la capitale. Le ministre Amelot se plaisait à les faire crever de jalousie, en prodiguant ses bienfaits à la sirène qui le charmait. Les ministres ont toujours encouragé les talents.
Poursuivant dans l'opéra bouffe, elle interprète Il Matrimonio in commedia de Caruso à Milan, en 1782. La distribution lui permet de retrouver le célèbre Caribaldi, et un certain Armando Chiavacci, sans doute liée à Clementina. En se rendant à Bergame, elle accepte de chanter dans un concert organisé à Vérone par le ténor Kelly, qui la crédite comme « very good singer » dans ses mémoires. Elle est encore à Milan en 1785 pour divers opéras sérias de Zingarelli et Mortellari, avec le soprano Bruni, les ténors Desirò et Prati, et la Morichelli. Chiavacci se fait entendre à Venise la même année, de nouveau avec Armando, dans Artemisia de Calegari, retrouvant le castrat Sartorino qu'elle avait déjà accompagné à Turin en 1781.
Le Ménestrel de 1833 revient sur certaines cantatrices légendaires du siècle précédent, et évoque brièvement la vie de Clementina dans la capitale :
Parlerai-je de la signora Clémentina Chiavacci, jolie cantatrice que le ministre Amelot comblait de présents et qui aussi, en 1780, avait hôtel, carrosses et millions. |