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Agata CARRARA

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dite La Callimena

Aussi [Carara]

Les sources paraissent contradictoires concernant l'origine de cette chanteuse, vénitienne ou milanaise. La plupart des exégèses de Casanova l'identifie à la Callimène (Callimena) évoquée dans l'autobiographie du séducteur, qui l'aurait connue (intimement !) adolescente à Venise, où elle pourrait être la fille d'un avocat nommé Carrara. D'autres sources indiquent qu'elle est l'épouse d'un certain Antonio Carrara, Vénitien appelé à devenir valet du célèbre acteur Garrick à Londres.
De fait, on repère une première fois Agata à Londres en 1772 et 1773, où elle crée des rôles secondaires pour Sacchini ou Bach. Dans le Tamerlando du premier, elle chante avec la Girelli et Millico, ainsi que le ténor Ristorini et le castrat Savoj (dans Il Trionfo d'amore de Giordani et autres musiciens). Son charme est indéniable, et Walpole voit en elle « la plus jolie créature sur Terre », tandis que Burney lui trouve une voix soporifique et insipide. Mais le jeune chanteuse s'améliore certainement en prenant des leçons avec Millico.

Eumene 1778De fait, le reste de sa carrière se déroule au premier plan. Pour la saison 1775-76, Agata est au théâtre de la Pergola de Florence comme prima donna pour quatre opéras : elle y retrouve Millico, et côtoie en outre Adamberger et le castrat Coppola, notamment dans Il Gran Cid de Paisiello. Dans une reprise d'Ifigenia in Tauride de Traetta, son partenaire est Rubinelli. La Britannique Sara Goudar laisse le commentaire suivant du Perseo e Andromeda de Gazzaniga :
La première femme, qu'on nomme Agata Carrara, est une des belles personnes qui aient encore paru sur scène, de ces figures qui n'ont qu'à se montrer pour enchanter le spectateur; si ellle n'a pas encore acquis cette supériorité qui annonce la grande chanteuse, du moins fait-elle bien, ce qu'une première actrice ne devrait jamais faire mal ; je veux dire ce que les Italiens appellent recitare, qui est le premier talent de l'actrice. Celle-ci a des beaux bras, & des gestes vrais, surtout une expression juste qui rend le sujet.
Carrara paraît ensuite à Venise, où elle interprète par exemple Bertoni, compositeur dont elle crée encore Medonte à Turin en 1777-78 (ci-contre, l'affiche d'Eumene d'Insanguine). Dans la Sérénissime, elle croise compte Zinzendorf, ainsi que Casanova. Elle semble amante du patricien Zuan Carlo Grimani, et le poète Pietro Buratti lui écrit un brindisi.
On l'entend à Gênes et Trévise, et en 1779 à Palerme jusqu'au début de 1780, avec pour partenaires les castrats Folicaldi puis Aprile, ainsi que le ténor Panati. En 1781 et jusqu'en 1782, la prima donna s'illustre au prestigieux San Carlo de Naples. Elle crée six œuvres, dont le premier opéra de Zingarelli, Montezuma, ou encore La Zemira de Bianchi ou un componimento drammatico de Guglielmi, en concert (La Diana amante, avec la diva bouffe Coltellini). L'accompagnent comme primo uomo Consoli, premier ténor Prati. Jusqu'en printemps 1784, Carrara est à Lucques avec Crescentini, puis Milan avec Rubinelli et Bellaspica.
Elle retrouve ce dernier castrat à la cour du roi de Prusse à Berlin entre 1784 et 1786, avec le primo uomo local Concialini, pour des reprises d'opéras de Hasse – le souverain vieillissant a un goût particulièrement conservateur. À la mort du roi, son contrat n'est pas renouvelé. Revenue en Italie, Carrara crée deux opéras de Tarchi à la Scala avec la Rubinacci et le soprano Roncaglia. Elle semble ensuite retirée de la scène.

Endimione Nice J.C. Bach 1772 Londres
  A. Monoyos, Cappella Coloniensis dir. B. Weil – CD Deutsche Harmonia Mundi
Creonte Antigona D. Bortnyansky 1776 Venise
> air D'una misera famiglia A. Gorbacheva, orchestre Pratum Integrum dir. P. Serbin – captation de concert, Herne 2013
Farnace Tamiri J.F.X. Sterkel 1782 Naples
  Actes I, II, sans récitatifs : P. Rinvet, Accademia di Monaco dir. J. Tschiedel – retransmission de représentation, Aschaffenburg 2017