Née à Lublin, en Pologne, Antonia Miklasiewicz développe rapidement des talents musicaux. Dès 1788, elle entre au service du roi de Pologne à Varsovie et se produit sous le nom d'Antonini. C'est sous ce pseudonyme qu'elle interprète Servilia dans la première de La Clemenza di Tito de Mozart à Prague. On lui a parfois attribué la création du rôle de donna Anna, ce qui est une erreur.
Elle y épouse le buffo Campi (premier Publio) en 1791, et interprète d'autres rôles mozartiens : la comtesse, la reine de la nuit, ainsi que des œuvres de Paisiello, Salieri, avant d’être invitée en Italie. Lors d'un hommage à Mozart donné en 1797, Antonia chante avec son époux et la veuve du compositeur.
En 1802, la Campi participe à l’ouverture du Theater an der Wien avec le ténor Simoni, dans l’Alexander de Teyber sur un texte de Schikaneder, ou chante encore Cyrus de Seyfried. La critique lui trouve une belle virtuosité naturelle, mais une voix trop légère, sans ligne, et sans cantabile. La Campi paraît aussi en concert pour la Tonkünstler-Societät, notamment dans un air de Paër avec Stadler à la clarinette en 1805, Il Ritorno di Tobia de Haydn en 1808, ou encore Timotheus de Winter en 1812. Cela ne l’empêche pas de monter sur scène, notamment en Amenaide dans le Tancredi de Rossini, compositeur qui convient particulièrement à son style agile. Entrée au Hofoper de Vienne dès 1805 (elle donne par exemple Lodoïska de Cherubini, qui lui écrit un air sur mesure en 1805, Don Giovanni de Mozart en 1810, etc.), elle en est l'étoile de 1818 à 1822. Antonia se fait également entendre à Munich en 1811 dans Die Entführung aus dem Serail.
C'est la première cantatrice nommée « chanteuse impériale » par l’empereur d’Autriche. Les observateurs sont toutefois critiques à l'égard des ornements excessifs dont la Campi surcharge ses parties, jusqu'au récitatif O zittre nicht mein lieber Sohn de la reine de la nuit, un de ses rôles fétiches ! Cette dérive n'était certes pas l'apanage de Campi, car son Tamino, Radicchi (premier Florestan), est accusé de défigurer son air de la même façon. Autre anecdote : Beethoven propose à Campi de chanter sa scène Ah! Perfido, mais l'époux de la chanteuse, vexé qu'elle soit contactée après le refus d'une première soprano, la pousse à refuser grossièrement.
En pleine gloire et toujours maîtresse de moyens impressionnants, la Campi retourne à Varsovie, où elle est acclamée, d'autant qu'elle chante Amenaide en polonais, et s'attribue certainement les paroles de l'air d'entrée de Tancrède : « Oh patrie, chère et douce patrie ! Enfin je te revois. » Le roi la gâte de luxueux présents et tente de la retenir, mais elle doit honorer un engagement à Munich. Elle retrouve aussi Prague en 1821, et donne des actes de ses opéras fétiches : Sargino (Paër avait écrit le rôle pour elle en 1803, souvent repris ensuite) et Tancredi, mais aussi une version chantée d'une polonaise pour violon, un air de la reine de la nuit ou encore un air de Jean de Paris (Boïeldieu, sans doute) en allemand.
C'est à Vienne qu'elle décède, atteinte d'un accès de fièvre, laissant pas moins de dix-sept enfants !
On loua sa technique irréprochable, le contrôle total de sa voix, son staccato perlé et son étendue allant du sol grave au contre-sol, soit trois octaves. Elle fut certainement l'une des interprètes à faire perdurer une technique héritée du dernier XVIIIe au siècle suivant, et souvent comparée à ce titre avec la Catalani, autre grande virtuose. On jugea même Campi plus musicienne que sa rivale... |