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Maria CAMATI

1710 – ?

dite La Farinella

Aussi [Camatti] [Camai] [Comati] [Camata] [Farinelli] [Pharinella] [Camati-Brambilla]

Native de Venise, la Camati y fait ses débuts toute jeune au San Moisè en 1729, et s'illustre à Trévise pour Vivaldi, toujours fin limier pour les talents en devenir, dans une reprise d'Ottone in Villa – le jeune Amorevoli est aussi de la partie.
Déjà, la Camati est conviée au Kärtnertortheater de Vienne entre 1730 et 1732 : elle y interprète divers opéras, souvent des pasticcios (Eumene), et reprend par exemple Giulio Cesare de Haendel (en Cornelia). Elle y reprend des airs de chanteurs comme Farinelli ou encore la soprano Peruzzi. Sa habileté dans la vocalise et son goût pour les airs du grand castrat lui valent son surnom de Farinella.
La soprano réapparaît en Italie dès 1733, entre Trieste, Trévise (Armida d'Albinoni, avec le contralto Forcellini et la Pircher, partenaire viennoise), Venise, Parme et Bologne chantant Galuppi, Albinoni, Hasse, Araja etc. Cependant, elle demeure cantonnée aux seconds rôles féminins, ce qui est encore le cas pour ses débuts napolitains en 1735, par exemple dans Emira de Leo, avec Monticelli et la Visconti en tête d'affiche. Mais alors qu'elle retrouve ensuite les scènes de Venise, Livourne, Mantoue et Vérone, la Camati est enfin consacrée prima donna, comme dans Alessandro nell'Indie puis Gustavo primo de Galuppi – sûrement le compositeur qu'elle interprète le plus.
Amenée de Venise à Berlin par Graun lors de sa tournée italienne, elle donne un récital soliste en 1741, et joue la seconda donna dans Rodelinda la même année avec la Gasparini. Mais elle ne convainc pas Frédéric II et se voit signifier son congé, avec la majorité des chanteurs alors engagés (dont le contralto Santarelli), dès 1742.

De retour en Italie, elle alterne les rôles de seconda donna au San Carlo (face à l'Astrua) en 1744-45, et de prima donna à Brescia, Crémone, Plaisance et bien sûr Venise, ville où elle est le plus demandée (Adriano de Ciampi durant la saison 1747-48, puis en 1751). Galuppi reste au cœur de son répertoire. La Farinella continue de briller à Mantoue, Rovigo et Vicence jusqu'en 1753, puis intègre la troupe itinérante de Locatelli.
Avec cette troupe, la voici Graz en 1754 dans le Vologeso de Galuppi. Le rôle titre est assuré par Giacomazzi. Le portrait ci-contre montre une dame vêtue à la mode autrichienne, tenant la partition d'un air populaire d'Arminio que Camati chanta à Graz : il pourrait s'agir de Camati elle-même, ou plus probablement d'une dame de la noblesse ou d'une chanteuse locale tenant une page célèbre. Certaines sources indiquent que la Camati est au service de la cour de Vienne pendant cette période. Ce qui est attesté, c'est la présence de la virtuose avec la troupe Locatelli à Prague en 1755 (Il Mondo alla rovescia de Galuppi) puis Leipzig et Dresde l'année suivante, encore dans l'opera buffa : cela témoigne d'abord de l'évolution du goût en Europe, et peut-être d'une certaine usure de la chanteuse. Parmi diverses pages légères, La Ritornata di Londra de Fischietti devient un de ses chevaux de bataille.
La Farinella et ses collègues se fixent ensuite auprès du grand Duc Peter Fedorivich en 1756, et elle chante Araja ou Manfredini avec le castrat Millico, tout en se produisant lors de concerts hebdomadaires à Saint-Pétersbourg. La Camati semble s'attarder particulièrement en Russie, reprenant d'ailleurs le sceptre de prima donna seria (Didone abbandonata de Zoppis en 1758). Elle se produit également dans des serenate comme La musica trionfante de Manfredini, en 1761, avec Millico. L'arrivée de Catherine de Russie se traduit néanmoins par le renvoi de la plupart des musiciens, en 1762. La Camati achève sans doute sa carrière à ce moment-là.

Une Farinella se produit au Hofoper de Berlin d'octobre 1769 à avril 1771 (Maria Camati en avait été rejetée en 1741). Frédéric II peine alors à trouver une prima donna, après le décès de l'Astrua et plusieurs tentatives malheureuses. Gertrud Mara viendra ensuite remplacer cette Farinella. Quittant Berlin, la Farinella donne plusieurs concerts en Hollande. Elle est ensuite à Londres en 1774-75, dans un pasticcio d'Alessandro nell' Indie, avec Rauzzini et la Schindlerin. Plutôt que la Camati, cette chanteuse est sans doute une certaine Francesca Brambilla active à cette période, également surnommée Farinella. Maria Camati portant aussi le nom de Brambilla, on peut supposer un lien entre ces deux chanteuses.

Arminio Arminio Rinaldi 1732 Vienne
  I. Ionova, Meininger Hofkapelle dir. E. Gogou – CD du Südthüringisches Staatstheater (d'après représentations de 2008)
Gustavo primo, re di Svezia Ergilda B. Galuppi 1740 Venise
  M. González, Savaria Baroque Orchestra dir. F. Pirona – CD Hungaroton 2002
Il Decebalo ? L. Leo 1743 Naples
  Ensemble Romabarocca dir. L. Tozzi – CD Bongiovanni. Attribution incertaine
Achille in Sciro Deidamia G. Manna 1745 Naples
air Chi può dir che rea son io J. De Bique, Concerto Köln dir. L. Quintavalle – Mirrors, CD Berlin Classics 2021