On trouve trace de Marianna Bianchi dans le petit rôle de Sibari dans Semiramide riconosciuta de Jommelli à Plaisance dès 1753, avec les sœurs Mattei et le ténor Albuzzi. Bianchi paraît à Parme la même année dans Antigono de Hasse. On l'entend encore à Reggio Emilia dans une ultima parte l'année suivante. La soprano finit par rencontrer et épouser le compositeur Antonio Tozzi.
En 1757 puis 1758-59, Marianna Bianchi-Tozzi est seconda donna à Venise avec Camilla Mattei et Manzuoli dans l'Ezio de Pescetti. On l'entend ensuite à Padoue dans Galuppi avec Veroli, ainsi qu'à Lucques.
Elle acquiert ses lettres de noblesse à Vienne, en 1762 : c'est là qu'elle crée Eurydice dans Orfeo de Gluck, et chante aussi Il Trionfo di Clelia de Hasse et Arianna de Gluck, tous avec le grand Guadagni. L'œuvre est reprise dès l'année suivante, et aura le succès que l'on sait. Avec l'arrivée de Rosa Tartaglini, Marianna Bianchi chante comme seconda donna dans Alessandro nell'Indie de Hasse. Le retour en Italie passe par Brunswick.
Dès 1764, la cantatrice retrouve Venise, notamment dans Pampani. Elle se produit aussi à Bologne dans L'Isola d'amore de Sacchini.
En 1770-71, la soprano incarne des premiers rôles à Naples, et donne par exemple Eumene de De Majo ou la dernière version du Demofoonte de Jommelli ; le grand Aprile se place avec elle en tête de distribution. On l'entend aussi à Florence. En 1771, elle chante Eurydice à Bologne avec le castrat Sartorino avant de présenter Creso de Sacchini à Livourne avec Compagnucci et son collègue viennois le ténor Tibaldi. La cantatrice vient chanter Zenobia de son mari à Munich en 1776, avec Rosa Capranica (Lops), cantatrice locale formée par la Mingotti. Bianchi-Tozzi paraît dans l'opéra bouffe en 1779-80.
En 1782, la Bianchi est le rôle titre d'Artaserse de Zanetti, avec le ténor Panati et Teresa Scotti. On entend parler de prestations (dans Orphée) jusqu'en 1788.
Alors qu'elle quitte Vienne (après un nouveau séjour en 1768, si l'on en croit la date laissée par Burney), elle laisse le soin à Métastase de la recommander auprès de Farinelli. Le librettiste s'en acquitte de la manière suivante :
Signora Marianna Bianchi Tozzi, qui aspire à gagner votre faveur, n'a aucun doute de pouvoir l'obtenir si je vous assure qu'elle a déjà gagné la mienne : et je ne peux lui refuser cet aveu. Quand, il y a peu, elle a présenté le rôle de Clelia dans mon opéra du même nom, elle m'a donné la plus grand satisfaction ; non seulement en raison d'une prestation excellente et d'une conduite sans tache, mais aussi par le soin et l'attention inépuisables qu'elle met à remplir l'ensemble de ses devoirs.
Le charme de la Bianchi-Tozzi ne tenait pas à une virtuosité hallucinante, ni des suraigus frappants ou une étendue exceptionnelle : son timbre était beau, sa voix sûre et précise, et son style d'une grandes finesse et simplicité. Autant de qualités qui en faisaient une interprète parfaite pour Gluck, tout en séduisant un amateur difficile au goût ancien comme Charles Burney. |