D'origine romaine comme nombre des meilleurs chanteurs de l'époque, Anna est appelée par Mazarin à la cour de France, à l'instar de la sublime Leonora Baroni avant elle.
Elle y débute en 1655 et reçoit d'emblée le meilleur traitement de tous les musiciens italiens. Très appréciée pour son esprit, elle tient un salon fréquenté par les plus brillants musiciens de Paris, accueillant Froberger lors de son passage dans la capitale. Accompagnée de ses rivales françaises Anne de la Barre et Mlle Hilaire, Anna Bergerotti participe à toutes les fêtes de cour pendant environ quatorze ans : en 1656, elle chante un duo de Lully dans La Galanterie du temps, et incarne le Soupçon dans le Ballet de Psyché, ou de la puissance de l'amour. Deux ans plus tard, c'est dans le ballet Alcidiane qu'elle se produit, puis dans le Ballet de la Raillerie en 1659, dans lequel la Bergerotti incarne la Folie ainsi que la Musique italienne dans un intermède.
Opéra italien, justement : Mazarin continue de passer commande aux meilleurs musiciens d'Italie de l'époque et fait donner Xerse de Cavalli en 1660 : Bergerotti y est Romilda, accompagnée des frères Melani.
Dans le fameux Ercole amante de Cavalli offert à la cour en 1662, l'Italienne incarne Iole ; mais c'est la musique des ballets de Lully qui séduit les Français et non les longs récitatifs incompréhensibles de l'opéra. En 1664, elle participe à l'une des entrées du Mariage forcé écrit par Molière. Cinq ans après, Anna Bergerotti épouse un marquis italien et retourne dans son pays natal.
Mêlant parfaitement les idiomes français et italien (voire espagnol, dans Le Mariage forcé), Bergerotti fut très appréciée à Paris où elle mèna toute sa carrière, y demeurant même après le décès de Mazarin. Sa présence contribue à féconder ce qui deviendra la tragédie lyrique et l'opéra-ballet à la française, sous l'impulsion de l'Italien Lully et l'influence de Rossi, Cavalli, etc. et des musiciens français.
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