Anna se produit dans l'opéra séria comme seconda donna à Venise en 1771-72, avec la Bernasconi et le castrat Solzi : elle participe à Ezio de Gazzaniga ou encore des œuvres de Bertoni et Manfredini. Mais dès l'année suivante, elle donne un dramma giocoso de Rust et La Serva per amore de Galuppi. En 1777, on la retrouve encore dans la Sérénissime dans le genre léger. Kelly rencontre la chanteuse à Bologne et ne tarit pas d'éloges sur elle, la présentant comme « the first comic singer and actress of the day ». Il faut dire qu'elle lui propose de l'engager pour chanter à Graz, où ils paraissent en 1781, par exemple dans La Vera Costanza d'Anfossi. Elle y devient la favorite du public.
On l'entend bien évidemment à Naples, alors centre important de l'opéra bouffe avec les œuvres de Cimarosa, Paisiello et les fameux interprètes Casaccia, Luzio, Coltellini, etc. Elle paraît donc au Teatro Nuovo entre 1784 et 1786 et crée notamment La Baronessa stramba en 1786 avec celui qui est son époux depuis peu, le ténor Mengozzi, entre autres pages de Cimarosa, Paisiello, Guglielmi et Monti.
Anna Benini et Mengozzi sont engagés à Haymarket à Londres en 1786-87. Malheureusement, le séjour est compliqué par la présence d'une autre prima donna buffa, Anna Storace. Benini brille dans le pasticcio Il Tutor burlato, et dans un opéra qu'elle avait déjà donné à Naples, dans une version amplement modifiée par l'auteur lui-même, Giannina e Bernardone. La version londonienne est encore largement remaniée. La prima donna seria est la célèbre Mara, et Benini la remplace un temps dans Virginia. Burney et Mount Edgecumbe lui reconnaissent une grâce et une précision extrêmes, malgré une voix peu puissante.
Les Benini participent à une tournée de la troupe du King's Theatre à Paris, et se font ainsi connaître du public français : Benini participe notamment à Gli Schiavi per amore de Paisiello avec Morelli et Calvesi. Alors que Mengozzi demeure à Paris, Anna part à Madrid honorer un engagement. Son succès est tel, en 1788, qu'elle chante encore deux ans de plus en Espagne.
Benini est à Venise en 1791-92 et interprète La Sposa in equivoco de Bianchi, ainsi que la fameuse Nina de Paisiello. C'est probablement à cette époque qu'elle rejoint une troupe installée à Varsovie, et dans laquelle figure aussi la Ferrarese. En 1794 toutefois, la cantatrice paraît à Florence où elle chante Isouard, puis retrouve Venise et donne par exemple Il Matrimonio segreto de Cimarosa en 1796. Sa carrière la mène également à Parme, Mantoue. Dans la mesure où son mari est fixé à Paris, il est probable qu'elle y séjourne également, et paraisse sur les scènes parisiennes. Elle a une fille nommée Marie Mengozzi, ensuite épouse Guillemin, née à Paris en 1791, et qui mène une carrière de chanteuse et actrice en Italie et en France.
D'après Kelly, Benini était menue, mais joliment faite. De beaux traits, une opulente chevelure noire et des yeux très expressifs complètent le portrait de cette Vénitienne vive et d'une bonne nature. |