Andreana Basile est native de Pausillipe près de Naples. Ses frères et sœurs comptent de nombreux artistes : compositeurs, poètes ou chanteurs, Margherita en particulier obtenant un succès vif.
Après avoir épousé un noble, Muzio Baroni, attaché à un prince et duc, celle que l'on appelle Adriana Baroni fait chavirer tous les cœurs.
Pietro della Valle, un de ses contemporains, écrit :
Qui a vu et entendu comme moi la signora Adriana, dans les plus jeunes années de cette beauté que tout le monde connaît, en mer au Pausilippe sur une felouque, tenant sa harpe d'or, celui-là doit bien reconnaître que l'on trouve encore des sirènes aujourd'hui sur ces rivages, mais des sirènes bienfaisantes et parées tant de talent que de beauté...
Ses cheveux sont blonds, ses yeux noirs, ses mains fines, et son timbre sombre, capiteux et prenant. On rapporte qu'elle connaît par cœur des centaines de pièces italiennes et espagnoles, qu'elle chante en s'accompagnant à la guitare. Ces qualités lui valent une popularité sans bornes à Naples, où on lui dédie des centaines de vers. La bella Adriana n'est donc pas très encline à accepter toutes les propositions qu'on lui fait, de la cour d'Espagne, puis de Mantoue dès 1603. Ce n'est qu'après maintes tractations et suppliques qu'Adriana Baroni se rend à la cour de Vincenzo Gonzaga. En chemin, elle est reçue comme une reine à Rome, puis Florence où elle rencontre les Caccini, Peri et la célèbre Archilei.
Arrivée à Mantoue, elle ne déçoit pas les attentes, et subjugue Monteverdi qui compose au moins un madrigal sacré pour la diva. Il compose aussi des pages qu'elle chante avec le castrat local Sacchi, et commence à lui écrire le rôle de Vénus dans des Nozze di Tetide ensuite abandonnée. Elle se produit alors tous les vendredis, et les seigneurs locaux se pressent à ses concerts. Elle se rend aussi à Milan, en 1611 ; les spectateurs sont enthousiastes, on lui prête une beauté rare et la voix d'un ange, qui fait chavirer tous les auditeurs : une vraie sirène.
Les Baroni sont même annoblis par Vincenzo Gonzaga ! La succession de leur protecteur est incertaine, après son décès, mais le couple réussit à maintenir ses privilèges. Adriana s'emploie à placer sa famille, et se rend à Rome, Naples ; on ne sait si elle participe aux festivités florentines célébrant le mariage de Catherine de Médicis. La Baroni maintient une correspondance régulière avec le duc et la duchesse, qui espère toujours la ramener à la cour.
De fait, la chanteuse est de retour à Mantoue en 1620 et chante Licori, ovvero l'incanto d'amore de Guarini, et probablement dans le Medoro de Marco Da Gagliano. Elle enchante Venise en se produisant sur une gondole richement ornée...
Adriana cherche à se détacher de la cour de Mantoue. Elle repart pour Naples, est courtisée pour se rendre en Pologne, ce qui ne manque pas d'entraîner sa disgrâce auprès des Gonzaga. En 1630, elle chante encore à Gênes et Florence avec ses filles, dont la brillante Leonora, puis s'installe à Rome où elle termine ses jours.
Adriana Basile ne se sera quasiment pas produite sur scène, mais incarne un idéal du chant de l'époque qui marque une apogée de la musique de cour. |