Orpheline recueillie à l'ospedale de la Pietà de Venise, Barbara s'y illustre comme soprano au moment où l'institution connaît son apogée, avec les prestations de chanteuses et d'instrumentistes dont la réputation dépasse le cadre de la Sérénissime.
Douée pour le théorbe et le violon, elle est maîtresse d'une voix longue et supérieurement agile qui la place au premier rang des interprètes de l'établissement. Elle donne un motet de Spada lors d'une messe célébrant la disparition du doge Marc'Antonio Giustiniani en 1688, ce que relate Pallade veneta :
Madame Barbara, qui est l'une des chanteuses de cette chapelle musicale, interpréta avant la messe un motet chargé d'affliction [...]. Exécuté par la gorge de cette sirène éplorée, il toucha profondément les auditeurs noyés dans un fleuve de larmes.
Barbara chante des parties solistes dans des motets mais aussi les oratorios régulièrement proposés au public, notamment ceux des maestri Spada puis Gasparini. Du premier, elle donne ainsi Santa Maria Egizziaca penitente avec Lucrezia, Prudenza, Francesca, Paolina et Lucietta en 1687. Du second, elle crée par exemple Jubilum prophetarium en 1703. Quand Vivaldi écrit pour l'institution, il lui confie le rôle titre de son Moyses en 1714 ainsi que le célèbre rôle de Vagaus dans Juditha triumphans en 1716 : c'est donc pour elle que fut composé l'air Armatae face et anguibus, un des plus populaires du compositeur. Il existe plusieurs airs de substitution réclamés par la soprano, signe qu'elle avait suffisamment de crédit pour exiger une autre version d'un air. Dans ces pages, Barbara côtoie sa jeune collègue Apollonia, autre étoile de la Pietà par la suite ; du reste, la Pietà passe alors pour le meilleur des quatre ospedali vénitiens.
Nommée figlia privilegiata en 1707, elle devient tutrice de pensionnaires plus jeunes. C'est ainsi qu'en 1725, elle assure la formation de la soprano Maria Cattanea destinée à se produire à la cour dresdoise. En 1735, elle est officiellement promue maestra. |