Anna Maria Elisabetta Nonetti est originaire de Florence. Son troisième prénom lui vaut bien souvent d'être simplement désignée Anna Maria Lisi (ou Lisa), que l'on a pu confondre avec son patronyme.
C'est donc naturellement au service de la cour de Toscane qu'elle est engagée, au moins de 1690 à 1698. Sa carrière italienne la mène aussi à Modène. En 1689, on retrouve la cantatrice à Venise pour Amulio e Numitore de P. Tosi, avec F. De Grandis. Elle est à Sienne dans Aldimiro de Scarlatti en 1691 avec la basse Ristorini. On l'entend à Reggio en 1697 dans L'Oreste in Sparta au sein d'une belle distribution qui réunit le contralto Roberti, la Salicola ou encore Antonio Romolo Ferrini et Luigi Albarelli dans le rôle éponyme, puis à Milan pour Anfione de Magni en 1688, accompagnée du fameux castrat Nicola Paris. Elle semble aussi employée à la cour de Mantoue, et y reprend en 1698 le rôle de Turno, créé par le castrat Cecchi, dans la Camilla de M. A. Bononcini, avec Maria Landini dans le rôle titre.
La soprano paraît encore à Venise avec la basse Carli et le castrat Romani dans Filippo, re di Grecia de Pollarolo, en 1706.
C'est pourtant à Vienne, où elle est présente à compter de l'été 1700 (engagée à la chapelle en 1702 selon certaines sources), qu'elle brille essentiellement comme prima donna, flanquée le plus souvent du contralto Orsini, du ténor Garghetti et de la soprano locale Sutter. Elle y épouse le maître de chapelle Carlo Agostino Badia en octobre 1700. L'arrivée de Lisi et Sutter marque un changement à la cour, où les chanteuses jouaient souvent un rôle secondaire : les nouvelles venues s'imposent bien plus que ne le faisait une illustre précédesseure, Giulia Masotti. Cette dernière meurt justement en 1701, passant le flambeau à Lisi Badia et Sutter. Les débuts sont timides : les rôles féminins d'un oratorio de Bononcini de 1701 sont tenus par un falsettiste et un castrat (Franzl et Mellini), et dans Le Gare dei beni de Badia en 1700, Lisi est la seule femme. Sutter et Badia sont enfin les interprètes féminines d'un sepolcro dans Il Mistico Giobbe en 1704, après quoi la présence de femmes est assez constante à l'affiches d'oratorio à Vienne, chose rare dans le monde catholique. Badia est la première chanteuse à incarner un rôle féminin, celui de Marie, dans le sepolcro Le Due Passioni en 1705. L'année précédente, on avait pu l'applaudir dans une œuvre dramatique, Caio Popilio de Ziani, avec le castrat Ballarini.
Passé ce changement, la Badia s'illustre immanquablement dans les œuvres de Ziani, G. Bononcini, Caldara, Fux et bien entendu les pages de son mari, le maître de chapelle Carlo Agostino Badia, épousé vers 1699. Elle chante aussi les pièces de circonstances comme La Conquista delle Spagne d'A. Bononcini, avec Sutter et la basse Borrini (1707). On l'entend dans 24 productions lyriques entre 1706 et 1710 !
Anna Maria Badia meurt à Vienne, encore officiellement au service de l'empereur, en 1726. Cela faisait des années que d'autres sopranos l'avaient supplantée : la Landini, la Schoonians ou la Lorenzani. |