Née juive, Ester Salomon change son nom en Lovisa Salmoni [Salomoni] et se convertit afin d’avoir le droit de se produire et de mener une carrière musicale sans entraves. À l’âge de dix-sept ans, Lovisa chante devant le roi, alors de passage à Kristianstad. Impressionné, Gustave III l’engage pour le théâtre de Stockholm et l’attache à sa cour. La chanteuse mariée depuis au musicien Augusti (nom qui signifie par ailleurs « août » en suédois) devient l’une des interprètes les plus en vue du pays, grâce à sa voix autant qu’à sa beauté.
Un spectateur écrit « À son entrée, on croyait voir Vénus, mais quand elle commençait à chanter, c’était Apollon que l’on entendait. » La chanteuse a d'ailleurs incarné le dieu dans un prologue composé spécialement par Uttini dans le cadre des représentations de l'Orfeo de Gluck, traduit en suédois.
Lovisa Augusti est certes très populaire à la cour, mais n'éclipse par Elisabeth Olin, prima donna incontestée. La jeunesse et le charme de Lovisa Augusti constituent certes une féroce concurrence pour la cantatrice vieillissante ; mais Olin ne lui cède la première place que lorsqu’elle est malade ou lors de ses grossesses.
Augusti s'efface à côté de cantatrices au potentiel dramatique sans doute plus important, même après la retraite d'Olin. En effet, on apprécie beaucoup le style de Gluck à la cour ; ainsi, Augusti n’est que Thémire dans le Roland de Piccinni, face à l’Angélique de C. Müller. Très jolie et bien chantante, Lovisa manque sans doute un peu de sens tragique.
Son répertoire embrasse le champ assez large des œuvres données à Drottningholm. Le public l'apprécie particulièrement dans Sylvie de Berton et Trial et d'autres pages de Grétry, Stenborg, Naumann, Monsigny etc. Elle doit avoir donné le répertoire italien en concert, comme les cantates virtuoses de Martin Kraus. Lovisa Augusti finit par décéder prématurément à l’âge de 33 ans, décidément un bon âge pour mourir.
Lovisa Augusti semble ainsi avoir excellé dans l'agilité, avec un aigu facile : il suffit d'écouter Va, ma conserva i miei de la cantate La Primavera. Par conséquent, elle se situe dans la lignée de Mara et s’inscrit dans le goût de l’époque pour le soprano aigu, peut-être plus prononcé encore dans les pays germaniques et nordiques. |