Première diva retenue par l'histoire, Vittoria Archilei réunit tous les talents musicaux, comme la plupart de ses collègues de l'époque : chanteuse, instrumentiste, danseuse...
Née à Rome, probablement, sous le nom de Concarini, elle épouse un compositeur et luthiste du nom d'Archilei. Elle joue elle-même de cet instrument, et, sans être une grande beauté, charme l'auditoire par son chant. Elle débute à Rome au service du cardinal Ferdinando De' Medici, avec Emilio De' Cavalieri.
Le couple Archilei se rend à Florence en 1579 et en 1584 pour participer aux célébrations de noces entre familles illustres, et s'y installe définitivement en 1589. Le pouvoir vient d'échoir à Ferdinando De' Medici, qui se marie cette année-là. On donne alors La Pellegrina, avec des musiques de Malvezzi, Marenzio, E. De' Cavalieri, Peri, Caccini et peut-être Archilei. Vittoria et son époux participent à l'exécution comme chanteurs, avec Peri, Caccini et Marenzio.
Dans le premier madrigal, Dalle più alte sfere, Vittoria personnifie l'Harmonie et paraît sur un nuage vêtue comme un ange devant une vue de Rome peinte. Elle s'accompagne au luth, avec un large ensemble de cordes, tout en chantant une partie extrêmement virtuose. Elle revient plus tard dans un riche costume et une mise en scène impressionnante en déesse Amphytrite chantant en prélude à l'Arion de Jacopo Peri. Le spectacle se poursuit et mêle les talents de tous les virtuoses pour un final foisonnant.
En 1590-91, Archilei brille dans La Disperazione di Fileno de De' Cavalieri : le public est noyé de larmes. Après un passage à Rome, Vittoria chante la Dafne de Peri en 1598, et probablement l'Euridice du même.
Caccini et Peri prennent chacun l'exemple de la Romanina pour illustrer le style de chant qu'ils professent, les passages pour l'un, le recitar cantando pour l'autre. Sigismondo D'India vante la douceur de son chant et la grande intelligence de ses interprétations. Chacun s'accorde à voir en elle la perfection du chant d'un nouveau genre, tant du stile rappresentativo que recitativo du drame musical.
Bien que retirée des scènes vers 1600, Archilei continue de se produire en certaines occasions, la voix intacte ; sa dernière prestation semble être la Mascherata delle ninfe di Senna en 1611, avec Francesca et Settimia Caccini, avec lesquelles Vittoria forme le concerto delle donne. En 1610, elle assiste au triomphe de la nouvelle étoile, la belle Adriana (Basile), accueillie en grande pompe à Florence. Archilei finit sa vie quasiment oubliée. |