Cette belle jeune femme voit le jour à Florence et épouse à quatorze ans le compositeur Gaetano Andreozzi, de neuf ans son aîné. Celui-ci la forme à la musique et l'introduit sur scène, où elle débute en 1786 à Venise au San Benedetto. Sa carrière démarre brillamment, sur de nombreuses autres scènes, mais elle semble assez vite séparée de son époux.
Elle brille à Sienne à l'été 1787 accompagnée des castrats Concialini et Savoj, et s'attire les compliments de la Gazzetta toscana pour la beauté de sa voix et son art musical. La soprano est à Reggio en 1788 ; on l'applaudit à Florence en 1789 dans plusieurs concerts (avec Andrea Martini ou le ténor Specioli) puis 1790 dans Giulio Cesare de son époux avec le ténor Lazzarini et le soprano Sartorino, avant Padoue. Elle paraît entretemps à Livourne dans Catone in Utica d'Andreozzi, flanquée des castrats Capranica et Crescentini. La chanteuse est de nouveau dans la Sérénissime en 1791 et donne notamment Angelica e Medoro avec l'immense Marchesi. Pour le carnaval 1792-93, elle est prima donna à Gênes, où elle chante Zingarelli (La Rossana) et Sarti. Anna retrouve Florence où elle émerveille le public dans une azione sacra de Salvatore Rispoli, avec le fameux Giacomo David et le contralto Monani, production somptueuse. Elle reparaît dans sa ville natale en 1794 et 1795, avec le soprano Mattucci ou encore le ténor Simoni. C'est à Palerme qu'elle est première chanteuse dans La Vergine del sole en 1798, avant d'accompagner le tout jeune castrat Vellutti à Florence en 1800, dans La Cleopatra de Guglielmi. La voici également à Bologne avec le ténor Mombelli et la Bertinotti en 1799. En ces périodes de bouleversements liés aux guerres napoléoniennes, elle sait opportunément chanter des hymnes républicains dans les villes occupées, et participe notamment à I Veri Amici reppublicani de Zingarelli en 1799 à Turin, avec le castrat Bravura.
Invitée à se produire au théâtre italien de Dresde pour le maestro Paër en 1801, Anna Andreozzi est victime d'un accident et meurt noyée. La notice nécrologique de l'Oberdeutsche allgemeine Litteraturzeitung de 1804 détaille ainsi :
Elle était l'épouse du compositeur napolitain Andreozzi, chanta dans les principaux théâtres d'Europe et devint partout appréciée et admirée pour son éducation musicale autant qu'intellectuelle et sociale, et perdit la vie à Dresde, où elle était engagée au théâtre italien, lors d'un dramatique accident dans le fleuve Elbe.
Les sources concordent à vanter sa beauté, son bon caractère, son éducation raffinée et l'excellence de ses prestations, ce dont témoigne une carrière au plus haut niveau de l'univers serio des années 1790. Elle semble n'avoir fréquenté que le grand genre, si ce n'est des reprises de Martín y Soler (dont La Capriciosa corretta) à Palerme en 1797 avec la basse Trabalza. |