Cantatrice milanaise, Teresa Albuzzi-Todeschini se produit avec succès en Italie avant d'être engagée à Dresde pour remplacer Faustina Bordoni, qui a pris sa retraite : elle est à Plaisance en 1747 dans un Catone in Utica (Emilia). Après un passage à Bayreuth en 1747-48, elle retrouve Plaisance en 1749 dans une page de Carcani avec le ténor Albuzzi (un proche ?), le castrat Marianino et la Farinella. Plus tard la même année, on retrouve Teresa à Venise dans Leucippo de Hasse, avec Carestini et le ténor Albuzzi. Ce contact avec la musique de Hasse est le prélude à une collaboration durable, car Teresa est engagée pour la cour de Saxe comme seconda donna. Elle paraît encore en 1750 à Casale Monferrato dans un Demetrio où brillent la Riboldi et à nouveau Marianino, avant de gagner Dresde. La jeune Albuzzi y débute dans Ipermestra et Adriano in Siria, en 1751-52, dernière la diva Mingotti. Quand cette dernière quitte la ville, Teresa accède au poste de première chanteuse.
Succéder à la Bordoni (et à la Mingotti) supposait assurément un talent à la hauteur de la réputation de la légendaire Faustina ! Albuzzi se produit dans tous les premiers rôles, par exemple L'Eroe cinese en 1753, Ezio en 1756, Il Re pastore en 1755, etc. Le rôle d'Aristea dans L'Olimpiade de 1756 lui vaut tous les suffrages ; sa voix grave (elle est parfois désignée comme contralto), dramatique et agile évoque les qualités de sa prédécesseure. La « prima donna en plus d'un endroit », comme on l'appelle perfidement, est aussi la maîtresse officielle du comte Brühl, premier ministre, qui lui fait construire une rotonde.
Lorsque la guerre de Sept Ans éclate, la cour dresdoise se déplace en Pologne pour se fixer à Varsovie. La cantatrice part à Milan avec son époux Antonio Schreyvogel-Todeschini et sa famille en 1758. Elle est peut-être la Tedeschini qui donne des concerts en Hollande cette même année, et interprète des airs du roi de Prusse.
Invitée à se produire à Prague en 1760, elle tombe malade et décède à seulement 37 ans.
Sa collaboration avec Hasse semble avoir inspiré le compositeur. Les rôles qu'il lui compose présentent de multiples facettes et flattent sa virtuosité di maniera (Quando divido trono d'Artemisia) comme sa bravoure insolente, sur une longue tessiture bien assise dans le grave (Sulla scomposta prora de Solimano) avec de larges écarts. |