Cette vigoureuse contralto s'impose dans les premiers rôles féminins et surtout masculins des années 1720 et 1730, avec une belle carrière dans toute l'Italie et même en Angleterre.
Il semble qu'elle débute à Venise, sa ville natale, dès 1707.
Elle est à Vicence en 1713 pour le premier opéra de Vivaldi, Ottone in Villa, flanquée de la Giusti et du castrat Bartoli.
Appelée à Londres par Haendel en 1714-15 dans la troupe qui compte plusieurs chanteurs anglais, la flamboyante Pilotti et le castrat Nicolino, elle chante Dardano dans Amadigi, rôle flatteur qui met en valeur sa virtuosité tout comme son sens du pathétique avec le célèbre Pena tiranna. La contralto a même l'honneur de reprendre le rôle titre de Rinaldo, et chante un pasticcio intitulé Ernelinda avec Margherita De L'Epine. Elle demeure en Angleterre jusqu'en 1716 et rejoint rapidement l'Italie.
C'est à Venise qu'on l'entend le plus, notamment en Antigona d'Orlandini avec le ténor Borghi et le castrat Urbani, ou au San Giovanni Grisostomo avec des chanteurs fort célèbres. De fait, elle ne chante plus pour Vivaldi, bénéficiant déjà d'un renom – et des prétentions financières qui l'accompagnent – trop grand pour les moyens du compositeur-impresario. En 1716, elle donne Alessandro severo de Lotti avec la Bordoni et la Bulgarelli. Une parenthèse à Reggio Emilia en 1717-18 lui permet de donner Le Amazoni vinte da Ercole d'Orlandini avec les castrats Pasi, Pacini et Bernacchi, et Bajazet de F. Gasparini avec Borosini, dans le rôle d'Andronico. En 1721-22, elle est Agrippine dans le Nerone d'Orlandini, face à la Poppée de la jeune Cuzzoni et l'Octavie de Faustina Bordoni ! La même équipe donne Lucio Papirio de Hasse, dans lequel la Vico est primo uomo devant Scalzi.
En 1722, la virtuosa dell' Elettore palatino est à Milan avec la basse Venturini, la Coralli et Berenstadt pour Andromaca de F. Gasparini, où elle incarne Pyrrhus. Elle rejoint Naples et les meilleurs chanteurs du temps dans une troupe qui comprend la Tesi, Farinellli, le ténor Guicciardi, ou encore la Strada. Entre 1724 et 1725, Vico chante ainsi des rôles masculins de premier plan dans Eraclea et Astianatte de Vinci, Amare per regnare de Porpora ou Amore e Fortuna de Porta. Après un retour à Venise dans d'autres œuvres de Porta notamment (Aldiso), c'est à Bologne qu'elle brille en 1727, dans La Fedeltà coronata d'Orlandini avec Urbani, Guicciardi et Baldassari. En l'entend à Milan en 1729 avec Caffarelli et Teresa Cotti dans Eurene de Predieri. Elle y est encore en 1732 avec la Soresina, mais la retraite est alors proche.
La carrière de Diana Vico est absolument remarquable. Sans atteindre le statut légendaire de la Tesi, cette contralto est une émule de la Merighi et comme elle parvient à se hisser au premier rang de distributions pourtant extrêmement prestigieuses, pouvant même évincer les castrats comme primo uomo. Elle est spécialisée dans les incarnations masculines, et Owen Swiney, observateur de la musique à Venise et agent de Haendel sur place, commente le rôle du Partenope de Stampiglia (connu dans la version de Vinci) comme « fit for Merighi or The Diana Vico or some He-She thing or other. »
Carlo Scalzi, le fameux castrat soprano, semble la tenir en haute estime et la défend au détour d'une lettre parlant du public napolitain et le la soprano Margherita Gualandi :
Ici [à Naples], on ne réclame que des beautés ou des putes professionnelles, alors même qu'on juge sévèrement Faustina, Merighi, Tesi, Vico [...]
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