Cette cantatrice d'origine populaire voit sa carrière liée au maître vénitien Benedetto Marcello.
La légende veut que le compositeur entende Rosanna, humble chanteuse d'airs di battello donnés sur les gondoles, passer sous ses fenêtres et se trouve séduit par la voix et la figure de la jeune fille. Il offre à cette fille de gondolier de lui donner des cours de chant, ce qu'elle accepte avec joie : nous sommes alors au début des années 1720.
Bien vite, Marcello fait éclore une voix d'une grande pureté et dotée d'une étendue exceptionnelle, pour laquelle il compose plusieurs airs et cantates. Il l'épouse en 1728, mais le mariage demeure secret pour des raisons légal : un noble ne peut prêter son nom à une roturière. Ainsi, le mariage célébré religieusement n'est pas reconnu civilement, et à la mort de Marcello en 1739, Rosanna Scalfi, pourtant désignée héritière, se trouve privée de tous ses biens. Sa situation la pousse à faire un procès à son beau-frère afin de s'assurer de quoi subsister.
En 1742, elle chante Arbace dans Artaserse de Paganelli avec Marc'Antonio Mareschi, toujours à Venise. C'est la seule trace connue d'une prestation scénique. Ses apparitions ont dû se limiter au concert, y compris du vivant de Marcello, dont elle chante sans doute plusieurs cantates (dont Il Timoteo) et œuvres, comme peut-être l'oratorio Joaz (1727).
Rosanna reçoit une formation suffisante pour écrire elle-même une douzaine de cantates. Elle pouvait chanter en registre de ténor et donner des notes de soprano, ce qui est attesté dans Il Timoteo.
Difficile d'établir un lien entre Rosanna et d'autres musiciens vénitiens du même nom, comme Giovanna Scalfi.
Probable caricature de Rosanna Scalfi dans le rôle d'Arbace en 1742 (Zanetti, ©Fondazione Cini)
|