La contralto, d'extraction modeste (son père a abandonné sa mère impotente), intègre l'ospedale dei Mendicanti en 1775, vieille institution vénitienne où les jeunes filles sont formées au chant et aux instruments.
Elle progresse rapidement, car elle intègre le chœur en 1779, puis à 14 ans débute comme soliste dans Abraham sacrificium de Bianchi.
Elle s'impose comme l'un des fleurons du lieu, avec la brillante soprano Adriana Ferrarese. Les deux cantatrices prennent la fuite en 1783, pour des raisons inconnues probablement liées aux strictes conditions d'encadrement, au rêve de succès au théâtre et aux difficultés à se marier. Bianca dira avoir agi sur un coup de tête et sous l'influence d'Adriana, de l'amant de cette dernière et de son propre père. Ayant fait amende honorable, elle réintègre l'ospedale, contrairement la Ferrarese (déflorée et donc exclue), effectivement promise à une belle carrière scénique.
Bianca mène donc toute sa carrière aux Mendicanti, et s'illustre dans presque tous les oratorios donnés entre 1783 et 1797, en général dans les rôles masculins, par exemple dans Susanna de Gazzaniga en 1788. Habile à l'orgue, à la harpe et à la flûte, elle est une des premières figures musicales du Venise des années 1790, brillant avec sa collègue soprano Giovanna Pavan (dans un fameux duo sacré de Bertoni en particulier). Un voyageur anglais se dit bouleversé par son interprétation de Jonas dans Ninive conversa d'Anfossi en 1787. On suppose qu'elle est la première exécutante d'Arianna a Nasso, cantate de Haydn ensuite recréée à Londres par le castrat Pacchierotti. Elle interprète en outre les oratorios composés par Mayr expressément pour elle et ses collègues. Le même lui confie la cantate Ero en 1793. Désormais fidèle au genre sacré, elle refuse une page de Zingarelli composée dans un style qu'elle juge trop profane, ce qui ne laisse pas d'étonner quand on écoute les pages de Mayr parfois franchement proches de l'opéra ou les compositions de Haydn.
Elle obtient l'autorisation de se marier en 1798 avec un certain Bucci, mais le projet semble abandonné. Ayant accédé au sommet de la hiérarchie du lieu, elle continue d'encadrer les filles du chœur après la fin des activités musicales de l'ospedale liée à la chute de la république vénitienne, jusqu'en 1805. Ses contemporains la considèrent déjà comme l'ultime joyau d'institutions finissantes.
Sa renommée tenait plus à son art des nuances, à son legato et à son expressivité qu'à une voix en réalité imparfaite, ou à une technique qui n'avaient rien d'exceptionnel. |