Anastasia ROBINSON |
ca 1692 – 1755 |
Anastasia est originaire du Leicestershire, d'un père peintre. Elle reçoit une riche éducation confiée, sur les plans musicaux, à Croft et Sandoni.
Contrainte de subvenir aux besoins de sa famille alors que son père est atteint de cécité, la jeune chanteuse se produit professionnellement dans le cadre de concerts dans lesquels elle s'accompagne au clavecin, et à l'opéra en 1714 dans le pasticcio Creso, puis dans un Arminio anonyme et la reprise du fameux Rinaldo de Haendel.
Ce dernier lui compose également un solo dans son Ode for the Birthday of Queen Anne, et, en 1715, le rôle de prima donna dans Amadigi, avec Nicolino et Diana Vico. La santé précaire d'Anastasia l'empêche d'assurer les représentations après la première, cependant.
La suite de sa carrière fait d'elle un élément régulier et populaire de l'opéra italien à Londres : elle chante Pirro e Demetrio d'A. Scarlatti, les reprises de Rinaldo et Amadigi, etc.
Vers 1718-19, sa voix de soprano grave baisse encore – probablement à la suite d'une maladie – et Anastasia devient contralto. C'est avec cette tessiture modifiée qu'elle chante à Drury Lane en 1719-20, puis intègre la compagnie qu'Haendel crée, la Royal Academy of Music. Elle y occupe une place de choix dans la majorité des œuvres données, notamment les créations du Saxon : Radamisto, Muzio Scevola, ou encore Cornelia dans Giulio Cesare. Elle chante aussi Scarlatti (Alessandro et Domenico) ainsi que G. Bononcini, alors favori d'un public anglais amateur d'un style pastoral pudique : elle assume notamment le rôle titre de Griselda en 1722, avec grand succès. La présence à Londres de chanteuses italiennes aussi douées que la Durastanti ou la Cuzzoni n'entame pas sa popularité.
Le salon animé par le père d'A. Robinson était fréquenté par le comte de Peterborough. Ce personnage de qualité menait une cour fort assidue auprès de la cantatrice, concurrencé par un certain général H. et même par le castrat Senesino, primo uomo à Londres. Ariosti met un soin particulier à composer un rôle flatteur à Anastasia dans son Vespasiano : il désire s'attirer les bonnes grâces du comte !
Sachant garder ses distances et imposer ses conditions, Robinson parvient à se faire épouser du comte, mais celui-ci refuse que sa femme habite sous son toit, et que l'union soit rendue publique ! Une cantatrice, même à la moralité aussi droite qu'Anastasia, n'était pas du tout bien vue dans la noblesse de l'époque : au mieux une vile saltimbanque, au pire une putain. De plus, Anastasia était catholique et le comte anglican. Anastasia accepte également de ne plus chanter, une fois mariée en 1724.
C'est la maladie du lord qui permet à Anastasia de faire pression sur lui et de rendre l'union publique, en 1734. Lord Peterborough décède quelques mois plus tard, et la comtesse Robinson lui survit plus de vingt ans, sans remettre les pieds sur scènes.
Anastasia n'était pas dotée de moyens fabuleux ; sa voix était assez courte et peu agile, mais sa belle présence, son expressivité et la sympathie du public pour une compatriote justifièrent son succès. Une lettre évoque explicitement son refus de chanter des « airs exprimant la furie ou la passion ». |
Arminio |
Ismene |
divers |
1714 |
Londres |
> air Pur dicesti o bocca bella |
Enregistrement au choix, en version réduite |
Crudel lontananza (air) |
Almirena |
G.F. Haendel |
1714 |
Londres |
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In Rinaldo, Haendel. A. Hallenberg, Il Complesso barocco dir. A. Curtis – Hidden Handel, CD Naïve 2013 |
Vieni, o caro, che senza (air) |
Almirena |
G.F. Haendel |
1717 |
Londres |
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In Rinaldo, Haendel. A. Hallenberg, Il Complesso barocco dir. A. Curtis – Hidden Handel, CD Naïve 2013 |
Ode for the birthday (...) |
– |
G.F. Haendel |
1715 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Amadigi di Gaula |
Orianna |
G.F. Haendel |
1715 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Tito Manlio |
Servilia |
A. Ariosti |
1717 |
Londres |
> air Aure care > duetto Io parto e sallo i numi |
F. Mineccia, Ensemble Odyssée dir. A. Friggi – CD Glossa 2016
S. Prina, Verdi barocca dir. R. Jais – vidéo de concert, Milan 2013 |
Radamisto [1] |
Zenobia |
G.F. Haendel |
1720 |
Londres |
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M. Beaumont, Il Complesso barocco dir. A. Curtis – CD Virgin Veritas 2005 |
Narciso |
Eco |
D. Scarlatti et al. |
1720 |
Londres |
> duetti Dio d'amor * Rivolgo il passo altrove
> air Non lo credo, non lo spero |
S. Cooper, La Grande Écurie et la Chambre du Roy dir. J.-C. Malgoire – retransmission de concert, Vienne 1990 Roseingrave : X. Sabata, La Tempestad dir. S. Márquez – Sopranos y Castrati en el Londres de Farinelli, CD MAA 2007
S. d'Oustrac, Real Compañía Ópera de Cámara – retransmission de concert |
Floridante |
Elmira |
G.F. Haendel |
1721 |
Londres |
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J. DiDonato, Il Complesso barocco dir. A. Curtis – CD Archiv Produktion |
La Griselda |
Griselda |
G. Bononcini |
1722 |
Londres |
> air Caro addio |
S. Runje, Wrocław Baroque Orchestra dir. B. Bayle – retransmission de concert, Bayreuth 2022
Extraits : L. Elms, London Philharmonic Orchestra dir. R. Bonynge – CD Decca
N. Stutzmann, Orfeo 55 – Contralto, CD Erato 2021 |
Muzio Scevola |
Irene |
Haendel et al. |
1722 |
Londres |
> acte III |
J. Lane, Brewer Baroque Chamber Orchestra dir. R. Palmer – CD Newport classic 1992 |
Ottone |
Matilda |
G.F. Haendel |
1723 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Flavio |
Teodata |
G.F. Haendel |
1723 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
Giulio Cesare in Egitto |
Cornelia |
G.F. Haendel |
1724 |
Londres |
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Enregistrement au choix |
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