Entre 1730 et 1757, durée de sa carrière, cette contralto se voit confier au moins 32 motets et autres psaumes en qualité de soliste. Elle est incontestablement l'une des toutes premières chanteuses de l'ospedale degli Incurabili pendant sa période la plus glorieuse.
Ses débuts coïncident plus ou moins avec la collaboration suivie du maestro Hasse avec l'institution. Elle chante donc plusieurs parties solistes de ce maître, notamment dans l'oratorio Serpentes ignei in deserto, et crée l'une des pages les plus populaires de Hasse, longtemps au répertoire de l'établissement et d'autres en Europe : le Miserere en ut mineur.
Les compositeurs se succèdent et Elisabetta leur prête son talent considérable : Porpora, Carcani, Jommelli, Ciampi, Cocchi, Bertoni... Du premier, elle interprète un sublime Salve regina en fa majeur de 1730. En 1739, Charles de Brosses écrit :
La Zabetta des Incurables est surtout étonnante par l'étendue de sa voix et les coups d'archet qu'elle a dans le gosier. Pour moi, je ne fais aucun doute qu'elle n'ait avalé le violon de Somis. C'est elle qui enlève tous les suffrages, mais ce serait vouloir se faire assommer par la populace, que d'égaler quelque autre à elle. Mais mes amis, je crois que personne ne nous entend et je vous dis que la Margarita des Mendicanti la vaut bien, et me plaît davantage.
John Spence, voyageur britannique, est à Venise en 1741 et confirme : « Les voix les plus célèbres ici sont Isabetta [Mantovani], Emilia [Cedroni], Teresa [Tagliavacca], et Cecilia [Nassa] ».
Cette génération de chanteuses brille déjà dans Sanctus Petrus Ursoelus de Porpora en 1733. Il y a au moins trois contraltos solistes de renom aux Incurabili (Nassa, Mantovani et Brissini), et le Salve regina en la majeur de Hasse, clairement daté de 1736, est assurément prévu pour l'une d'entre elles – il a certainement composé diverses versions pour chaque étoile de l'ospedale. En 1745, le Joas de Jommelli atteste encore des capacités vocales de cet effectif, dont la Mantovani. Les années suivantes, la contralto créé encore Juda proditor du même avec une jeune recrue, la soprano Francesca Rubini.
Même si d'excellentes vocalistes viennent remplacer la Mantovani, la Tagliavacca, Cedroni, Nassa ou encore Licini à la fin des années 1750, les Incurabili connaissent un lent déclin pendant une vingtaine d'année avant la fin des activités musicales.
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