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On sait peu de choses sur cette chanteuse née à Venise, certainement de second ordre. Il est probable qu'il s'agisse de l'Anna Lorio présente à Livourne en 1720 dans un opéra de Ciampi, à Florence et Trévise l'année suivante avec la Tesi ou encore Selvatici, puis interprétant Polinessa dans l'Amor tiranico de Chelleri, donné au San Samuele en 1722 avec Pasi et Barbieri.
La contralto vénitienne est engagée par Graun à Rome, ville où le compositeur s'entend aussi avec le castrat Santarelli. Elle gagne Berlin en 1741 avec l'ensemble de la nouvelle troupe d'Italiens, et se produit devant un roi de Prusse fort impatient, dès le soir de son retour au château le 11 novembre de cette année-là. Malheureusement, Anna Lorio est la seule de la troupe à déplaire au souverain, et se voit privée de participer à la première production, la Rodelinda de Graun.
En janvier 1742, à l'occasion du mariage princier entre August Wilhelm et Louise Amalia, la contralto se produit tout de même dans une cantate. Elle y incarne Vénus dans un dialogue avec le Cupidon du jeune Mazzanti, mais c'est apparemment en dépit de l'avis de Frédéric II. Elle a encore l'occasion de chanter Arsace dans Cleopatra e Cesare en 1742, et il faut croire qu'elle réussit à se racheter, puisqu'elle n'est pas congédiée juste après, comme le sont Triulzi (qui créa Tolomeo), Mazzanti, Pinetti, et Leonardi.
C'est avec la nouvelle équipe engagée par Cataneo qu'elle donne Artaserse, incarnant même le rôle d'Artabano en 1743, avec le nouveau primo uomo Salimbeni. Elle chante aussi Titus avec les principaux interprètes de la cour : la Molteni, la Gasparini, les castrats Bedeschi et Porporino... Il semble qu'elle ne se produise plus à l'opéra après 1744, mais à la chapelle royale. Veuve, elle quitte le service en 1754 pour rentrer en Italie.
Une Anna Lorio est encore créditée dans le petit rôle d'Adrasto, dans L'Olimpiade de Jommelli proposé à Stuttgart en 1761, avec Cortoni, Masi, Guerrieri et Buonani. Cela marquerait une carrière franchement longue.