Cette contralto née à Venise impose un talent vocal et dramatique remarquable, dépassant les limites de sa ville natale, et concurrence les meilleurs sopranos masculins et féminins.
C'est dans sa ville natale qu'elle débute, et en 1718 assume le rôle titre d'Antigona d'Orlandini. Elle passe au théâtre Grimani pour la saison 1722-23, avec un splendide ensemble comptant Pasi, Carli, Salvai, Lorenzani et Bernacchi.
En 1723-24, Lancetti est San Cassiano au moment où Métastase et son égérie la soprano Bulgarelli proposent le drame Didone abbandonata, mis en musique par Albinoni : Lancetti incarne le cruel Jarba, et Nicolino Enea.
Après s'être produite au San Moisè avec le ténor Moretti, la contralto chante au San Samuele en 1725, avec Carestini et la contralto Santa Marchesini. Deux ans plus tard, elle partage l'affiche avec Bernacchi, Bordoni et Farinelli à Parme, pour chanter Giacomelli.
Elle rencontre Vivaldi à l'occasion d'Ipermestra donné à Florence en 1727.
Le musicien l'engage pour Venise la saison suivante, où elle reprend le rôle titre de Farnace créé par la Pieri et s'impose surtout comme protagoniste de la nouvelle version d'Orlando furioso, œuvre la plus connue du prêtre roux à l'opéra. Cette saison est aussi l'occasion d'entendre la basse Pinetti et le jeune castrat Pignotti. La diva est alors virtuose de la princesse Violante de Toscane.
On l'entend à Parme en 1729 avec Farinelli, puis Turin en 1730 avec le ténor Novelli.
En 1736-37, elle chante Porpora, Predieri, Hasse et campe Artabano dans Arsace de Giacomelli avec Baratti père et fille, Salimbeni et la Facchinelli. À Lucques, elle est seconda donna dans Artaserse de Hasse, avec Farinelli. Elle est secondo uomo à Turin avec Senesino et Pinacci pour Siroe du même auteur.
Réputée pour son talent d'actrice autant que sa formidable voix grave, Lancetti incarne des personnages forts, très souvent masculins. La difficulté vocale du rôle de Roland n'en fait pas moins l'un des rôles emblématiques des contraltos baroques, à l'instar du César de Haendel. La fameuse scène de folie exploite une veine dramatique d'une liberté étonnante sur le plan formel, et témoigne du charisme de la première interprète.
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