Originaire de Bologne, Anna Maria Fabri est probablement liée au brillantissime ténor Annibale Pio Fabri, sans doute son frère, et trop jeune pour être son mari comme on l'affirme souvent la littérature. Sa vigoureuse voix de contralto/mezzo-soprano lui permet d'incarner des personnages de relief, homme ou femme, et de glaner une renommée certaine.
Néanmoins, plusieurs chercheurs ont distingué l'Anna Maria Fab(b)ri des années 1710, parfois supposée être la sœur d'Annibale, et une Anna Maria Fabri Bombaciari (la Belisa) qui l'accompagne ensuite et qui pourrait être en réalité épouser le ténor dans les années 1720.
On identifie Anna Maria Fabri vers 1709 à Florence, dans un rôle travesti. Elle chante dès 1710 dans sa ville natale, incarnant rien moins que Rosmira dans une Partenope ; la Campioli incarne Arsace et le ténor local Marsigli fait partie de la distribution. Elle revient en 1711 pour Teuzzone de Lotti, notamment, et l'année suivante encore avec la Dotti. Au carnaval de 1713, Fabri incarne Tigrane dans L'amor tirannico de Feo, à Naples.
Comme beaucoup de jeunes talents, c'est à Vivaldi qu'elle doit ses débuts vénitiens. Elle collabore avec lui pour la saison 1713-14 avec Carli et la Campioli. Elle chante notamment Lucio Papirio de Predieri, le pasticcio Nerone fatto Cesare (rôle titre), et Orlando finto pazzo de Vivaldi, dans la partie d'Origille – une femme déguisée en homme. Un voyageur de passage à Venise la juge incomparable en Alcina dans Orlando furioso de Ristori, ensuite révisé (recomposé ?) par Vivaldi en 1714.
Elle devient une interprète fidèle de ce compositeur et chante souvent avec son frère présumé Annibale, comme au Sant'Angelo en 1716-17, par exemple dans L'Incoronazione di Dario. La contralto brille à Florence avec la jeune Cuzzoni et la basse Carli dans des pages de Predieri. Elle foule également les planches du S. G. Grisostomo de Venise en 1715-16, dans une page de Pollarolo et Foca superbo de Lotti, avec les castrats Pignatti, Pacini et Geri.
Outre Venise, Florence, Brescia et Naples, la contralto (ou une autre) chante également à Milan et crée Elpino dans La Silvia en 1721 au Reggio Ducale, pour célébrer l'anniversaire de l'impératrice Elisabeth-Christine, femme de Charles VI d'Autriche. Elle est avec Annibale à Naples en 1722-23, notamment pour Il Trajano de Mancini avec Bordoni, mais ne semble pas accompagner le ténor à Londres. Sa trace disparaît après 1730.
Sa voix était limitée, d'école ancienne, et certains compositeurs lui écrivaient en clef de soprano. Mais Anna Maria (ou les deux Anna Maria) était capable de vocaliser, et de puiser dans une large palette expressive. Son nom est cité parmi plusieurs autres contraltos réputées dans une lettre à la Tesi. |