Susanna Maria est en fait la sœur du compositeur Thomas Arne, famille londonienne.
En 1732, elle se produit dans l'opéra anglais Amelia de Lampe à Haymarket, et se distingue comme une excellente actrice. Avec une physique à l'avenant, il n'en faut pas moins pour séduire le public. Elle interprète également Galatea dans Acis and Galatea de Haendel. Elle épouse un certain Theophilus Cibber en 1734, de la famille du librettiste Colley Cibber, et se perfectionne dans le jeu, capable alors de prêter sa belle voix d'une douceur exceptionnelle et ses traits séduisants à Ophélie et autres rôles de théâtre chanté, comme Zara de Hill en 1736. En 1738, elle s'illustre à Drury Lane avec sa belle-sœur Cecilia Young dans la première de Comus de Arne, avec Kitty Clive.
Cette dernière devient également l'une des coqueluches des Anglais, mais brille plus dans la comédie, tandis que Cibber est davantage portée vers le tragique. Sa réputation demeure excellente, d'autant qu'elle est perçue comme étant l'innocente victime d'un mariage malheureux.
En 1741, elle part d'ailleurs seule jouer à Dublin : Haendel arrive en Irlande un an plus tard avec Christina Avoglio. Il emploie Cibber en Tirinto dans Imeneo, et la fait participer à la toute première de Messiah, dont on connaît ensuite la fortune. On redonne aussi l'Ode for St. Cecilia's Day, dans laquelle Cibber chante une nouvelle version de The soft complaining flute.
De retour à Londres, elle continue à chanter les compositions du Saxon et incarne Micah dans la première de Samson, puis Lichas dans Hercules. La partie de Daniel dans Belshazzar est aussi écrite pour la contralto, mais finalement confiée à Mrs. Robinson à la première, avant d'être récupérée par Caterina Galli. Il est aussi possible qu'elle participe aux reprises de Deborah (1744) et Saul (1745), outre ses nombreuses prestations dans le Messie. Elle est aussi employée à Drury Lane, et chante évidemment l'inusable Beggar's opera en 1745.
Vocalement pourtant, elle n'a rien d'exceptionnel, et Charles Burney évoque ce qui faisait ses qualités lorsqu'il entend l'air Return, O God of Hosts par le grand castrat Rubinelli :
De fait, je me rappelle plusieurs appogiatures introduites par Mrs. Cibber et qui m'ont ici manqué. Elle avait travaillé l'air avec le compositeur lui-même, et bien que sa voix fût fort mince et sa science musicale très limitée, elle chantait cette supplique d'une manière plus touchante que n'importe lequel des grands chanteurs qui s'y sont depuis essayés, et parmi eux figurent Monticelli, Guarducci, Guadagni et Pacchierotti.
À sa mort, suite à une longue maladie, son très proche ami et admirateur Garrick, célèbrissime homme de théâtre, s'exclame : « Mme Cibber est mort, et la Tragédie est morte avec elle ! » Cette personnalité d'exception est inhumée dans le cloître de l'abbaye de Westminster. |