Contralto romaine.
Au service de la cour de Florence en 1728 : dans le livret de L'Incostanza schernita d'Albinoni publié à Bologne cette même année, la contralto est virtuose de la princesse Violante de Toscane. Elle se fait également entendre à Livourne la même année.
Bertolli est
recrutée par Haendel en 1729 pour Londres, où elle reste plusieurs saisons. Son premier rôle est évidemment travesti : elle campe Idelberto dans Lotario.
Mrs Pendarves, grande amatrice de musique et en particulier de Haendel, commente ainsi les débuts de la contralto :
Elle n'a pour elle ni voix, ni oreille, ni style ; mais c'est une beauté parfaite, une Cléopâtre, avec ce type de physionomie aux traits réguliers, de belles dents, et lorsqu'elle chante, c'est en souriant. Je pense qu'elle s'est entraînée devant un miroir car son visage reste impassible et qu'elle ne fait jamais la moindre grimace.
Rolli confirme la beauté de la chanteuse et s'amuse de la voir transpirer sous son casque, à jouer les rôles masculins.
Francesca enchaîne alors les reprises et les créations. Haendel adapte certaines parties à sa voix, comme Lelio dans Scipione, écrit pour ténor, ou Argante dans Rinaldo, pour basse. La contralto participe même à la création de certains oratorios anglais (Deborah, Esther).
De 1729 à 1733, Haendel lui réserve presque exclusivement des rôles masculins, à part dans Ezio. Bertolli campe le secondo uomo, voire le dernier rôle, en général. Elle n'hésite pas, comme quasiment toute la troupe de Haendel, à passer à la concurrence le temps que dure la troupe de Porpora et The Opera of the Nobility.
Elle participe alors aux distributions incroyables réunies par le Napolitain, avec Senesino, Farinelli, Cuzzoni, Montagnana. La voici distribuée dans les opéras et pasticci de Porpora, Hasse, Sandoni, Veracini (Sabina dans Adriano in Siria, c'est à dire la seconda donna).
Mais lorsque l'entreprise prend fin, elle retourne vers le Saxon, qui la réintègre dans la troupe pour la saison de 1737. La contralto aurait commenté ses années londonienne de bien étrange façon : Londres est bon pour glaner argent et réputation, mais rien d'autre. La chanteuse ne devait pas être particulièrement enthousiasmée par les parties que Haendel lui écrivait...
De retour en Italie, Bertolli retrouve le rôle de Sabina dans l'Adriano in Siria de Lampugnani à Turin (1740), avec là encore de très brillants chanteurs comme la Strada, Marianino, Amorevoli et Salimbeni. La contralto poursuit à Vicence, puis à niveau Venise et Gênes en 1742, pour incarner Rosmira dans La Partenope.
D'étendue limitée mais suffisamment assise dans le grave, avec une virtuosité modérée, Bertolli ne semble pas avoir été une chanteuse hors du commun. Cependant, en dehors des aspects pratiques, le fait que des compositeurs de talent comme Haendel et Porpora s'échangent la contralto alors qu'ils disposent de distributions brillantes témoigne d'une valeur réelle. La beauté et la présence de la chanteuse n'étaient certainement pas étrangères à cet intérêt. |