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Carolina BASSI

1781 – 1862

Aussi [Bassi-Manna]

C'est dans une famille d'artistes de scène que Carolina voit le jour à Naples. Son père Giovanni Bassi fonde une troupe nommée Ragazzi napolitani qui comprend Carolina, Nicola (future basse bouffe de grand renom) et Adolfo ainsi que – selon les années – Raimonda Bassi, Ernesta Bassi, Gaetana Bassi (costumes) et Anna Trevisi Bassi. Débuts incroyablement précoces, même pour l'époque, de Carolina, distribuée dès 1785 dans un petit rôle au San Carlino, dans Il diavolo a quattro d'Astaritta. Toujours à Naples, la troupe se frotte au drame sacré alors en vogue mais aussi à d'autres titres légers, tous signés Giuseppe Coppola, jusqu'en 1790.
Les jeunes Napolitains écument divers théâtres italiens pour interpréter surtout diverses pages de Coppola (Li due fratelli perseguitati) : les voici à Crema, Carpi, Milan, Crémone, Florence... Carolina, adolescente, accède déjà au premier plan par exemple dans Debora e Sisara de Guglielmi. Ils atteignent Palerme en 1794-95, et ajoutent Fioravanti et Bianchi à leur répertoire, toujours dans le genre léger, et retrouvent l'Italie du nord. Les Bassi affrontent l'opera seria en reprenant la célèbre Merope de Nasolini ou d'autres titres à Parme, puis Milan, Gorizia, Udine et Klagenfurt entre 1798 et 1800.

La carrière de Carolina (épouse Manna en 1797) est lancée, et de premiers engagements sans le reste de sa famille la voient briller à Padoue en 1803-04, toujours dans le répertoire léger. Changement de cap à Florence et Livourne, en 1804 et 1805 : Carolina devient tantôt primo uomo serio (Cleopatra de Nasolini avec la Banti), tantôt prima donna. Installée à Trieste pour de nombreuses productions jusqu'en 1807, elle privilégie les rôles masculins et crée par exemple des opéras de Giuliani, même si elle retrouve le premier rôle féminin quand vient le castrat Pietro Mattucci.

Des raisons familiales expliquent une césure de plusieurs années, et il faut attendre 1812 pour retrouver la Bassi sur scène, à la Scala, à la faveur du Tamerlano de Mayr où elle côtoie la soprano Correa et le ténor Brizzi. La cantatrice est un pilier du temple milanais, où elle chante tous les ans dans plusieurs productions jusqu'en 1820. Elle a l'occasion d'être la Susanna du Figaro de Filippo Galli dans Le nozze di Figaro de Mozart en 1815, ou de créer Maometto de Winter deux ans plus tard. Très active, elle chante également à Rome, Turin, Reggio Emilia, Florence, Bergame... Bassi partage l'affiche avec la Festa-Maffei, Elisabetta Manfredini, les ténors Tramezzani, Gentili ou encore Donzelli. Barcelone a l'occasion de l'applaudir en 1817, rare prestation à l'étranger d'une artiste déjà trop demandée dans la Péninsule !
Son répertoire comprend Coccia, Weigl, Federici, Generali, Pavesi entre autres, mais aussi Rossini bien sûr : d'abord dans le rôle titre d'Aureliano in Palmira, repris plusieurs fois à partir de 1816, puis Leicester dans Elisabetta ou encore Tancredi, avant de créer Bianca e Falliero, évidemment à Milan, en 1819. Elle semble se lier d'amitié avec un jeune talent, Giacomo Meyerbeer, et crée Semiramide riconosciuta. Un autre compositeur lui écrit des opéras : Mercadante, d'abord à Rome puis Bologne en 1820 et 1821. La Bassi continue de promener ses grands rôles de Rossini, Mayr et Meyerbeer (Il crociato in Egitto) au fil des années suivantes sur les scènes de l'Italie du Nord (Brescia, Gênes, Mantoue, Padoue, Florence), mais les créations se font plus rares ; citons Ezio de Mercadante à Turin, en 1827, ou le rôle titre de Gastone di Foix de Persiani la même année à Venise avec le ténor Tacchinardi. Cette saison vénitienne de 1827-18 signe la fin de sa carrière scénique, et Carolina se consacre à l'enseignement du chant : malgré l'immense succès d'un concert à Vienne en 1830, elle refuse désormais les engagements et termine sa vie à Crémone.

Solide présence scénique, ample voix et virtuose consommée, la Bassi privilégia les rôles de musico qui s'étaient alors substitués aux castrats dans les rôles masculins d'amoureux. Malgré une belle assise dans le grave, Carolina Bassi pouvait amplement monter dans l'aigu, au moins jusqu'au contre-ut. Elle a suscité l'admiration de nombreux contemporains, notamment de Stendhal qui écrit « J’ai entendu avec beaucoup de plaisir, dans la superbe salle neuve de Brescia, madame Carolina Bassi : c’est une actrice pleine de feu » puis écrit qu'elle est « la seule cantatrice qui approche un peu de madame Pasta » – elle-même admiratrice de la Bassi.

Maometto Seide P. von Winter 1817 Venise
  G. Montanari, Czech Chamber Soloist, Brno dir. G. Bellini – CD Marco Polo 2004
Semiramide riconosciuta Semiramide G. Meyerbeer 1819 Turin
  D. Riedel, orchestre philharmonique du Wurtemberg dir. R. Bonynge, CD Naxos 2005
Bianca e Falliero Falliero G. Rossini 1819 Milan
  Enregistrement au choix
Maria Stuarda Olfredo S. Mercadante 1821 Bologne
  Extraits : J. Larmore, Philharmonia Orchestra dir. A. Allemandi – CD Opera rara 2007