D’origine mal connue, il est sans doute né à Spolète où il débute très tôt, âgé de 14 ans, comme soprano dans la cathédrale.
Après un passage à Rome, le jeune castrat désormais placé sous la protection des Médicis se produit dans les glorieux spectacles florentins, chantant notamment Peri et Gagliano – par exemple La Regina S. Orsola de ce dernier, avec Francesca Caccini, en 1624.
À compter de 1621, il est toutefois établi à Rome au service de cardinaux, et intègre la chapelle pontificale sans même passer d'audition. Maffeo Barberini, qui le soutient depuis longtemps et qui est devenu entre-temps le pape Urbain VIII, le fait Cavaliere della milizia di Gesù Cristo. Du reste, le castrat est lié à la puissante famille romaine et reçoit un traitement d'Antonio Barberini entre 1637 et 1342. Parallèlement à ses activités, Vittori prend part aux représentations de drames mis en musique par la fine fleur des compositeurs de l'époque : Gagliano, Monterverdi (Mercurio e Marte, Parme, 1628), Rossi, Mazzochi. Dans La Catena d'Adone de ce dernier, Vittori interprète certainement l'enchanteresse Falsirena, face à l'alto Sances. Il participe aussi à une œuvre comique de Marazzoli, en 1637, avec le soprano Ferrotti. Dans Il Palazzo incantato d’Atlante (Rossi) il interprète, à quarante-deux ans, la belle Angélique, aux côtés du ténor Bianchi, de la basse Nicolini et d'un autre brillant soprano, Marc'Antonio Pasqualini, qui chante Bradamante... Le spectacle est d'un faste incroyable et dure près de sept heures ! Après cette Angelica triomphale, Vittori entre dans les ordres, et quitte la chapelle pontificale en 1647. Le castrat ne se produit alors quasiment plus en public jusqu’à sa mort.
Comme la plupart des interprètes de l'époque, Loreto Vittori est un musicien accompli : de ses compositions reste une Galatea, pastorale représentée à Naples en 1644. Il est l'une des premières stars du chant d'un siècle qui connaît l'ascension fabuleuse du genre opéra et de ses interprètes ! Le musicien Maugars, qui raconte son passage à Rome, l'évoque avec admiration. Quant au chroniqueur romain Eritreo, il vante la douceur mais aussi l'ardeur et l'expressivité du castrat jusque dans des débordements expressifs que nous pourrions aujourd'hui trouver véristes, dans le rôle titre de La Maddalena pentita de Mazzochi :
[Vittori] fit entendre, avec des expressions de voix tendant à reproduire un son douloureux, les gémissements de la pécheresse en pleurs.
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