La carrière de ce castrat débute à la fin du XVIIe : il est à Venise en 1690 pour Brenno in Efeso de Perti, dans le rôle d'un page, avec Francesco De Grandis. Il retrouve le même compositeur dans la même ville trois ans plus tard, et incarne le rôle titre de Nerone fatto Cesare, avec Maddalena Musi. On l'entend aussi à Plaisance et à Parme avec Pistocchi, son professeur, ainsi qu'Antonio Borosini. Le livret de La Gloria d'amore de Sabadini (Parme, 1690), avec Barbara Riccioni, Anna Maria Torri et les castrats Cortona et Siface, précise que le jeune castrat est au service de la cour de Mantoue.
On entend Urbani à Berlin, à la cour de l'électrice, entre 1697 et 1700 : il y crée notamment La Festa del Himeneo d'Ariosti, mais Leibniz commente avec réserve : « Il n'y a que le pauvre M. Valentin, dont la voix devenüe basse n'est pas proportionnée à son sçavoir en Musique, et à ses bonnes manières. » En 1703, Valentini est à Milan avec une splendide distribution pour Gli Equivoci nel sembiante de Caldara, avec la contralto Vanini, la soprano Santa Stella ou encore le castrat Cortona. Il est alors encore officiellement au service du duc de Mantoue.
Le contralto est en fait celui qui lance véritablement la vogue de l'opéra italien à Londres et l'engouement pour les castrats, même si d'autres sont passés en Angleterre avant lui, comme Siface. C'est en 1706 qu'il se rend en Grande-Bretagne. En 1707, il participe aux représentations de Thomirys, Queen of Scythia au Drury Lane, pasticcio de Pepusch sur des musiques d'Albinoni, Bononcini, Steffani ou encore Gasparini. Urbani chante en italien tandis que les sopranos anglaises qui l'accompagnent s'expriment dans leur langue natale ! L'année suivante, Love's Triumph est donné selon le même procédé au Queen's Theatre. En 1710, c'est le nouveau pasticcio Almahide qui est proposé, avec l'attrait supplémentaire d'un castrat d'un tout autre renom : Nicolino. Relégué en second plan, Urbani participe en 1711 au mythique Rinaldo de Haendel, dans la partie d'Eustazio, avec la Pilotti, la délicate Girardeau et le flamboyant Boschi. La saison 1712-13 permet de retrouver une partie de ces interprètes, mais le primo uomo Nicolino est remplacé par Pellegrini, soprano virtuose de la cour de Düsseldorf, dans deux créations de Haendel : Il Pastor fido et Teseo. C'est sans doute Urbani qui interprète ensuite le rôle titre de Silla. On l'entend encore dans diverses productions la saison suivante, dont Arminio de Gasparini, après quoi il quitte l'Angleterre.
On le retrouve en Italie dans les années qui suivent : en 1718 il est à Venise dans Antigona d'Orlandini, avec la Vico et le ténor Borghi, et interprète aussi Porta et Pollarolo. En 1722, Urbani est à Hambourg pour une production du Don Chisciotte de Conti. Sa carrière prend probablement fin peu après.
Charles Burney trouve que ses moyens sont très limités et, de fait, les parties composées pour lui ne sont pas inoubliables. Une voix aisée, grave (jusqu'au la2), agile (Voglio strage d'Egeo) et apte au cantabile (Siam prossimi al porto d'Eustazio) est toutefois nécessaire. |