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Raffaele TOMBOLINI

1766 – 1839

Aussi [Raphael] [Tombolino] [Tambalino]

Raffaele voit le jour à Fermo et commence à se former à Bologne auprès du maestro Gibelli. Il est recruté tout jeune pour rejoindre l'effectif du roi de Prusse, alors que le castrat Bedeschi vient de mourir après 42 ans de services. À Berlin, il est formé par le soprano Concialini et accède progressivement aux emplois importants.
On l'y entend d'abord dans le rôle d'Appolon d'une reprise de l'Orfeo de Graun en 1784, et les années suivantes dans diverses productions (Hasse et Agricola) avec le contralto Bellaspica et la soprano Carrara. Il reste cantonné aux petits rôles, encore en 1788 dans la création Medea in Colchide de Naumann avec la célèbre Todi et le primo uomo Concialini. L'année suivante, il prend part à des premières de Reichardt, dans des rôles plus étoffés, avec dans Brenno l'immense basse Fischer, qui devient un partenaire régulier, mais une chronique indique que, prometteur, il est encore en devenir, et lui conseille de s'inspirer de Concialini pour la déclamation et le sentiment. Tombolini cède encore les premiers rôles à Muschietti en 1791 (L'Olimpiade de Reichardt) et chante divers opéras d'Alessandri et Naumann...
Il Trionfo d'Arianna RighiniÀ compter de 1793, Concialini ne chante plus et Tombolini incarne les premiers rôles avec le couple Angelo et Maria Fantozzi. Avec Fischer ainsi que la basse Franz ou encore les sopranos Schmalz et Schick, l'ensemble interprète surtout les œuvres de Righini (Il Trionfo d'Arianna, ci-contre) mais aussi Himmel et Reichardt. Tombolini chante tous les ans au théâtre jusqu'en 1805, dans Rosmonda de Reichardt. Il reprend aussi le rôle de Marchesi dans Ginevra di Scozia de Mayr, avec Paolo Mandini. En 1806, le voyageur britannique Henry Reeves entend un concert à Berlin où Tombolini chante un rondo de Cimarosa (le tout jeune Meyerbeer donne lui un morceau au piano le même soir !) :
This fellow has a sweet voice and sung well, but he is a poor sickly-looking animal, and it was necessary to shut one's eyes to be delighted with the sounds stricking on the ears.

C'est l'année où Tombolini cesse de fréquenter la scène de l'opéra ; mais il est tenu de continuer de chanter en concert au moins quatre fois par an. Zelter évoque un air traduit en allemand donné durant l'hiver 1811-12, et écrit encore à Goethe en 1815, en comparant le chanteur à la diva Milder :
Nous possédons aussi un pareil organe, en la personne de Tombolini ; mais le mâtin, qui est italien, est devenu chez nous tellement plat, traînant et froid que nulle part il n'est supportable.
L'Allgemeine musikalische Zeitung parle encore des succès de Tombolini en 1812, qui chante notamment Zingarelli, Nicolini et une page de Marchesi. Le castrat sort de sa retraite scénique pour reprendre son rôle de Rinaldo dans La Selva incantata de Righini, créé en 1803 et repris en 1815, avec Fischer et Schmalz dans le rôle titre à la place de la Marchetti-Fantozzi. La froideur évoquée par Zelter est largement confirmée par une critique de la Dramaturgisches Wochenblatt en 1816, qui ne fait pas de cadeaux au vieux castrat ! C'est en 1817 que le chanteur met fin à sa carrière, bénéficiant d'une pension. Il s'installe à Charlottenburg.

Raffaele était soprano, et de belle étendue : Rinaldo plonge volontiers dans le grave sans craindre de monter dans les aigus. On vantait par ailleurs son timbre, sa présence prenante et une virtuosité de bon aloi. Avec l'âge, les notes médianes semblent avoir perdu en qualité. C'est assurément le dernier castrat à se produire à Berlin.