Antonio voit le jour à Pistoia, où il fait partie des chœurs dès 1639, à dix ans, et reçoit la formation de Pompeo Manzini. Son frère Giulio est aussi castrat et membre de la chapelle.
Le jeune castrat se distingue au collège germano-hongrois de Carissimi en 1645-46. Rivani est aussi et d'abord au service de Gian Carlo Medici à compter de 1644 environ : une lettre de ce prince réclame le retour du castrat parti pour Mantoue en 1653 par suite d'une dispute avec un autre musicien, sans en aviser son maître. Déjà les propositions flatteuses s'accumulent, et on ne lui permet pas de se rendre à Vienne. On l'applaudit sur les planches à la fin des années 1640, avec Grasseschi à Sienne, avec Ghini à Ferrare, avec la Renzi à Florence, puis Atto Melani, et en 1651 avec A.F. Costa à Bologne. Il se fait ensuite beaucoup entendre à Gênes, et en 1655-56 à Rome pour un oratorio d'Anglesi. Rivani est l'étoile de la Pergola et partage notamment la scène avec Cavagna, Leonora Ballarini ou les Melani : il crée notamment le rôle titre de La Tancia de Jacopo Melani, en 1657, ou encore Ercole in Tebe pour les noces de Cosimo III, avec deux frères Melani et Antonio Cesti dans le rôle titre. On l'entend encore en 1658 dans Il Pazzo per forza de Melani. Entre 1658 et 1659, le soprano est toutefois en voyage entre Venise, Innsbruck, Vienne, Munich, Heidelberg, Salzbourg, Francfort, et Hanovre, enchantant les princes locaux, y compris l'empereur d'Autriche.
Revenu à Florence, Rivani crée La Serva nobile d'Anglesi, renonçant pour cela à une proposition d'un théâtre vénitien. Il est appelé de Florence à Paris pour se mêler aux chanteurs français et faire ombrage à Atto Melani, à l'occasion du fastueux Ercole amante de Cavalli en 1662 donné pour le mariage de Louis XIV. Il en profite pour donner, avec le reste de la troupe italienne, dont Anna Bergerotti, le Ballet de l'impatience (Lully ou Cavalli ?), en 1661.
Le soprano se plaint des frais engagés alors que la préparation du spectacle traîne en longueur, et que Mazarin, malade, ne lui accorde pas même une audience.
Buti, en charge de l'organisation des festivités, déteste à ce point Atto Melani qu'il interdit aux autres chanteurs de le fréquenter, ce qui serait cause de maladie pour Rivani, qui fréquentait les Melani à la Pergola de Florence (notamment Bartolomeo). Il se rétablit cependant parfaitement pour briller lors des spectacles royaux, même s'il rentre en Italie immédiatement après.
Immédiatement après son séjour parisien, le castrat se produit probablement à Bologne (Le Fortune di Rodope e Damira), puis vers 1663 quitte Florence (production d'Amor vuol inganno de Melani) après la mort du prince Giovan Carlo de' Medici pour entrer au service de la reine Christine de Suède à Rome, l'une des plus grandes mécènes de son temps. Cela ne l'empêche pas de se produire à Venise dès le carnaval 1665, au San Salvatore. Mais alors que la reine est à Hambourg, Rivani se voit prêté au duc de Savoie à Turin... et tarde à revenir à Rome. Cela met la souveraine en rage dans une lettre de 1668 :
Je veux qu'on sache que je ne consentirai jamais qu'Antonio Rivani change mon service pour un autre, qu'il n'est plus au monde que pour moi et qu'il ne chantera pas longtemps pour qui que ce soit. Quoi qu'il en puisse être, s'il est sorti de mon service je veux qu'il y rentre, et quand même on voudrait me faire accroire qu'il a perdu la voix, cela n'y ferait rien ; tel qu'il est, il doit vivre et mourir à mon service, ou malheur lui en arrivera.
La message est explicite, et Rivani retourne à Rome dès 1669 !
Sévèrement tenu en laisse par la reine Christine, c'est essentiellement dans la cité pontificale qu'il se produit. Il fréquente les théâtres de Venise en 1671 et 1673, mais aussi les palais, comme celui de Guido Rangoni dans lequel on l'entend en concert. Il chante avec Giulia Masotti à Bologne dans un Antioco puis Achille in Schiro de Legrenzi, en 1674. L'année suivante, il retrouve Legrenzi à Venise, avec la Botteghi et Lucrezia del Dolfin, et interprète un oratorio à Bologne, Lo Sposalizio di Rebecca d'Arresti, où sont insérés des airs d'opéra vénitiens. Pour la saison 1677-78, il est très applaudi au théâtre SS Giovanni e Paolo, dans Scipione affricano de Cavalli et L'Aurora in Atene de Gianettini (ou un seul des deux ?).
Rivani doit parvenir à quitter la reine à un moment donné puisqu'on sait qu'il est aussi un temps au service des Gonzaga, à partir de 1679 au moins : il chante donc à Mantoue, par exemple dans L'Ottaviano Cesare augusto de Legrenzi en 1682, où il est Marc'Antonio ; M. Salicola et le castrat Clementino font également partie de la distribution. C'est toutefois le moment du déclin. On l'entend dans Bassiano de Pallavicino à Modène en 1683. Il est ensuite au service du prince florentin Ferdinand de Médicis : une toile de Gabbiani représente le mécène avec certains de ses musiciens, dont les castrats Olivicciani et Rivani, en 1685. Il meurt un an plus tard.
Quand le castrat et musicographe Tosi rédige son fameux ouvrage sur le chant orné, il évoque le souvenir de Rivani qui, selon lui, a renoncé aux trop nombreuses cadences et passages qui interrompaient sans cesse les airs en faveur d'ornements opportunément placés et mesurés, influençant l'art de Pistocchi. La tendance à la surchage n'a pourtant pas tardé à reprendre... Rivani était sans doute possible l'un des tout meilleurs chanteurs d'opéra de son temps. Dès 1653, le propriétaire d'un théâtre gênois affirmait qu'à lui seul, Rivani pouvait assurer le succès d'une production. Certaines sources indique qu'il était... aveugle : on évoque un chanteur aveugle dans une lettre de Venise, et c'est ce que suggère son surnom de ciecolino.
|