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Francesco Antonio PISTOCCHI

1659 – 1726

dit Pistocchino

Aussi [Pistocco]

Ce sopraniste est natif de Palerme. Son père installe la famille à Bologne, où il est violoniste et ténor à San Petronio.
Véritable enfant prodige, comme chanteur et compositeur, Pistocchi est engagé au service de la cathédrale, comme son père, mais est chassé à 16 ans, en raison de sa tendance à se produire un peu partout.
C'est là qu'intervient sa crise vocale : Pistocchi passe du registre de soprano à un contralto impressionnant, à force de travail et de persévérance. Il applique déjà cette discipline à ses élèves, puisqu'il a ouvert une école à Venise, et tient un théâtre de marionettes où il joue notamment un Leandro de sa composition en 1679.
Il réussit ainsi à revenir sur le devant de la scène, grâce à ses connaissances techniques. Il accumule les contrats et les succès, chantant par exemple Il Pausania de Legrenzi à Venise en 1681, avec la jeune Scarabelli et le ténor Scaccia. Pistocchi obtient un poste à Parme avant de passer au service de la cour de Mantoue, et l'on peut citer le fastueux opéra Il Favore degli Dei, avec rien moins que Siface, V. Urbani et Cortona, donné en 1690 à l'occasion des noces d'Odoardo. On l'entend la même année à Venise dans L'Amor di Curzio per la patria d'Alghisi, avec le castrat Chiaravalle, ou encore Pirro e Demetrio de G. F.Tosi. Pistocchi brille aussi à Plaisance, Crema, Milan, Gênes, etc. Il participe au fameux Xerse de Giovanni Bononcini à Rome en 1694, avec Nicola Paris ; Pistocchi tient le rôle d'Arsamene.

Il est engagé par le margrave Georg Friedrich en 1696 pour le Hoftheater d'Ansbach où il compose (Il Narciso, 1697) et participe à une riche vie musicale avec le violoniste Torelli. période pendant laquelle les livrets le désigne comme étant au service de l'empereur. Cet engagement ne l'empêche pas de voyager souvent, et il est brièvement convié à Berlin par Sophie-Charlotte, en 1696, accompagnant la princesse Caroline dont il devient le mentor et professeur de chant. On l'entend aussi à Vienne en 1700, où il donne Le Risa di Democrito.

Sa voix connaît ensuite un déclin de plus en plus audible. Pistocchi chante deux opéras d'A. Scarlatti à Florence en 1702 et 1703. Il paraît encore à Venise vers 1703-04 avec la Salicola et Tempesti, dans des opéras de F. Gasparini. En 1705, un poème compare son trille à un sac de noix qu'on agite, et lorsqu'il chante un motet d'A. Scarlatti avec Matteuccio, il ne cache pas son amertume d'être eclipsé et de ne recevoir aucune gratification. C'est l'année du retrait de la scène. On l'entend toutefois encore : en juin 1711, Novara fête le transfert des reliques de saint Gaudenzio en réunissant un vaste ensemble de musiciens, durant plusieurs jours. Pistocchi rejoint Berselli, Bernascchi, De Grandis, Pistocchi, Roberti, Berenstadt ou encore les ténors Buzzoleni et Franceschini : un témoin local rend compte des festivités et distingue particulièrement les interventions solistes de Pistocchi et son « art incomparable ».

C'est alors qu'il fonde l'école de chant qui fait sa renommée, à Bologne, école rivale de celle de Naples. Les plus fameux bénéficiaires de son prestigieux enseignement sont Antonio Maria Bernacchi, qui repris le flambeau après le vieux maître, Giovanni Carestini, Bartolomeo Bartoli, G. Berenstadt, Annibale Pio Fabri, G. B. Minelli, Valentino Urbani, Pietro Morigi, Domenico Gizzi.
Cela ne doit toutefois pas occulter ses qualités de chanteur, et compositeur. Il compose notamment des oratorios (dont un David) vers la fin de sa vie alors qu'il se retire dans un monastère à Forlì.

Apparemment, son goût et sa technique lui permirent de transcender des moyens peu exceptionnels, et de rebondir après avoir changé de tessiture. C'est l’essence même de tout un art belcantiste, où la technique et l’artifice sont les outils essentiels ; il aurait ainsi fait mûrir le chanteur exceptionnel que fut Bernacchi, médiocrement doté par nature. Dans la dédicace à la princesse Caroline accompagnant le livret du Giulio Cesare de Haendel, le librettiste Haym évoque encore « le très célèbre Pistocco, que l'on peut appeler le père du bon goût moderne. » Son collègue et contemporain Tosi loue « le plus illustre musicien de notre temps, et de tout autre » et l'inventeur d'un style de chant « parfait et inimitable ». Les musicologues ont par ailleurs dénombré plus de 80 emprunts de Haendel à des motifs ou airs du Narciso. Cette dernière œuvre fait entendre le contralto grave du célèbre castrat.

Il martirio di Sant'Adriano Adriano ? F. A. Pistocchi 1692 Modène
  Compagnia dei musici dir. F. Baroni – CD 2002, attribution incertaine
San Nicola di Bari ? G. Bononcini 1693 Rome
  Les Mufatti dir. P. van Heyghen – CD Ramée
Il Narciso Narciso F. A. Pistocchi 1697 Ansbach
  K. Bradić, Barockensemble der Hochschule für Musik und Tanz Köln dir. K. Wessel – retransmission de concert, Cologne, 2011
Cantate Dopo lungo servire D. Scarlatti ? 1702 Florence
  C. Mena, Mensa harmonica – retransmission de concert, 2011. Attribution incertaine