C'est à Lucques que le castrat contralto Andrea Pacini voit le jour, vers la fin du XVIIe siècle.
Sans s'imposer comme les tous meilleurs à la hauteur d'un Bernacchi et d'un Senesino, il mène cependant une très belle carrière, essentiellement en Italie.
On l'entend d'abord à Venise en 1708 dans l'Astarto d'Albinoni et Engelberta de Gasparini, avec Santa Stella et le castrat Cortona. Ils passe les saisons suivantes à Florence, Gênes, Rome, Lucques, Ferrare, et Naples pour 1713-14, où il chante une dizaine de pièces, dont Porsenna de Lotti avec Nicolino : il a ainsi en quelques années écumé certaines des meilleures scènes d'Italie. Le contralto séjourne alors deux années à Venise, d'abord sous la houlette de Vivaldi qui en fait son premier chanteur, notamment dans Orlando finto pazzo ou le pasticcio Nerone fatto Cesare, avec la Gualandi et la basse Carli. Pacini accompagne aussi Fabri et Gasparo Geri dans Il Germanico de Pollarolo. Il chante ensuite à Livourne, Bologne, Turin, Gênes, Florence et Milan.
La cour de Parme le prend officiellement à son service à partir de 1720, une charge que Pacini assure pendant dix ans. En 1721, il est à Rome pour le Crispo de G. Bononcini avec le jeune Carestini, Farfallino, B. Bartoli et Bernacchi, équipe qui donne aussi Griselda d'A. Scarlatti.
Après une saison à Naples (rôle titre de Publio Cornelio Scipione de Vinci) et d'autres prestations en Italie (Venceslavo de Capelli à Parme avec la Bordoni), Pacini est engagé à Londres comme secondo uomo dans la troupe de Haendel, avec la Cuzzoni, Senesino et la basse Boschi, pour 1724-25. Il débute dans le rôle titre de Tamerlano et remporte un beau succès. Haendel lui écrit un nouvel air pour Tolomeo lors d'une reprise de Giulio Cesare, puis Pacini crée Unulfo dans Rodelinda, autre succès étincelant pour la compagnie. Il prend enfin part à la première d'opéras d'Ariosti et au pasticcio Elpidia (Vinci et Orlandini) avec la Soresina et le contralto Baldi.
Revenu en Italie, Pacini chante à Venise, par exemple dans Ulisse de Porta ou Meride e Selisunte de Porpora, avec la Vico et la Beccheretta. Il se produit régulièrement à Florence, et Parme, Gênes, Rome, Lucques. Dans sa ville d'origine il a en effet l'honneur d'offrir Artaserse de Hasse, dans le rôle titre, avec l'immense Farinelli. Il chante encore en public en 1731.
Andrea Pacini devient prêtre et, définitivement fixé à Lucques, compose aussi de la musique pour les offices locaux (1744).
Ce castrat s'est ainsi imposé tout au long d'une carrière étendue comme l'un des seconds rôles les plus demandés de la Péninsule. Il partage l'affiche avec les meilleurs interprètes, et peut tenir tête aux plus réputés en terme d'agilité. Ses rôles exploitent généralement sa facilité à vocaliser et la profondeur de sa voix au la2 aisé ; ainsi Se in ogni sguardo d'Argillano ou A dispetto de Tamerlano font-ils le régal des aspirants contraltos coloratures. Il est souvent confondu avec Antonio Pacini, castrat contemporain chantre à la chapelle de Versailles représenté par Watteau. |