Né à Brescia, le jeune et brillant soprano est vite repéré par Vivaldi, qui cherche des castrats capables de donner au public conquis par le style napolitain l'ivresse vocale auquel il aspire. Après Semiramide et Farnace à Mantoue, Nicolini chante à Venise dans plusieurs opéras du prêtre roux, avec la Girò et Bilanzoni, autre virtuose : L'Olimpiade et Motezuma. Il participe à la reprise de Dorilla en Tempe en 1734, dans lequel il interprète des airs virtuoses de Hasse, Giacomelli, Leo, et crée Candalide d'Albinoni.
Le Vénitien n'est pas le seul à avoir l'œil sur ce nouveau talent, par ailleurs virtuose du landgrave de Darmstadt (la cour de Mantoue), comme tant d'autres excellents chanteurs ; Marianino participe à Euristeo de Hasse, donné au San Samuele en 1732 avec Cuzzoni, Caffarelli et le ténor Babbi. Cette même année, il est à Milan dans la Candace de Lampugnani, l'un des compositeurs qu'il chantera le plus.
Devenu un castrat de renom, Mariano ne tarde pas à devenir impossible, et à faire preuve de prétentions financières intenables, comme le déplore l'impresario florentin Albizzi, qui tente de négocier en vain avec le castrat pour la saison 1735-36. C'est finalement à Rome que Nicolini se rend, sans doute mieux rémunéré. Charles de Brosse l'y entend et le juge remarquable. Il ajoute d'ailleurs :
Marianini, avec six pieds de haut, joue un rôle de femme sur le théâtre Argentina ; c'est la plus grande princesse que je verrai de mes jours.
Il joue notamment L'Olimpiade de Pergolesi.
Preuve de son excellente réputation, Marianino participe à l'inauguration du fameux San Carlo de Naples en 1737, avec l'Achille in Sciro de Sarro dans lequel chantent aussi la Tesi, la Peruzzi, Amorevoli et Manzuoli ! Sa prestation lui assure un vif succès personnel.
On retrouve le soprano dans toute l'Italie, interprétant régulièrement les opéras de Latilla, Giacomelli, Lampugnani (Adriano in Siria à Vicence en 1740), Leo (Artaserse à Naples avec la Tesi en 1738) ; à Turin, il crée le rôle titre du tout premier opéra de Gluck, Poro, en 1744. Rousseau entend le castrat cette même année dans La Finta Schiava, à Venise.
En 1751, le soprano est toujours actif à Lucques, puis en 1753 à Padoue et l'année suivante entre Rome et Pavie. On l'entend en effet plusieurs fois à Padoue où il tient une école de chant dès le début des années 1740, et fait office d'imprésario : il se charge de constituer l'affiche de la Semiramide de Lampugnani en 1745, y chantant lui même.
Débutant comme vocaliste purement décoratif dans les opéras de Vivaldi, Marianino s'impose comme l'un des plus solides sopranos de son temps qui n'en manquaient pourtant pas, sans pour autant atteindre la fabuleuse notoriété d'un Caffarelli, d'un Farinelli ou d'un Salimbeni. Sa technique superlative et sa tessiture aiguë témoignent de le nouvelle école brillante qui prend le pas sur le monde lyrique italien à partir des années 1730. |